Publié le 07 juin 2018
FINANCE DURABLE
Des investisseurs, représentant 26 000 milliards de dollars, appellent le G7 à mettre fin aux subventions aux énergies fossiles
Selon 288 grands investisseurs mondiaux, le monde est très loin de respecter les engagements de l’Accord de Paris. Or ceux-ci sont déjà insuffisants pour limiter le réchauffement climatique à 2°C. Aussi, ce groupement, représentant 26 000 milliards de dollars sous gestion, prient pour que le G7 mette fin aux subventions aux fossiles et donne une date précise pour la sortie du charbon.

@AFP
Le G7, qui se réunit le 8 et 9 juin à La Malbaie au Canada, ne sera pas placé sous le signe du climat. Canada, France, Japon, Allemagne Italie et Royaume-Uni vont faire front commun face aux États-Unis. Donald Trump a en effet décidé de surtaxer les importations d’acier et d’aluminium à partir de juillet. Sans compter, les discussions à venir sur le nucléaire iranien au sujet duquel le président américain a décidé de balayer le traité en cours et de rétablir un blocus pénalisant des entreprises européennes comme Total ou PSA.
Autant dire que l’ordre du jour proposé par le Premier ministre canadien, Justin Trudeau - incluant la sécurité, l’égalité femmes-hommes, l’énergie propre ou encore le climat - risque sérieusement de passer à la trappe. À moins que l’appel de l’initiative "The Investor Agenda" ne fasse mouche. Il s’agit d’une lettre ouverte aux sept grands dirigeants, signée par 288 investisseurs institutionnels représentant 26 000 milliards de dollars sous gestion.
260 milliards de subventions
Ces investisseurs s’inquiètent de l’incapacité du monde à s’inscrire sur une trajectoire de 2 degrés. "Il y a un déficit d'ambition : la mise en œuvre intégrale des engagements de réduction d’émissions nationales de gaz à effet de serre (proposés lors de la COP21 en 2015) conduirait à une augmentation inacceptable de la température élevée qui provoquerait des impacts économiques négatifs importants", écrivent-ils.
Pour y répondre, ces géants de la finance - au rang desquels on compte Allianz, Amundi, Axa, BNP, Calpers, CAP, La banque Postale… - proposent trois grands axes d’actions. Premièrement, ils appellent les pays industrialisés à mettre fin aux subventions aux énergies fossiles. Selon le World Energy Outlook, celles-ci se chiffraient à 260 milliards de dollars en 2016. Par ailleurs, les investisseurs veulent que le G7 donne des dates précises pour la sortie du charbon pour la génération d’énergie. Celui-ci représente 40 % de l’électricité dans le monde.
Deuxièmement, ils souhaitent que les engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre soient atteints dès 2020 et que, dès 2018, les nations s’engagent sur des réductions à plus long terme. Troisièmement, ils jugent "qu’il est vital que les gouvernements s'engagent à améliorer les normes d'information financière en soutenant publiquement l'adoption des recommandations du TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosure)". Selon ces recommandations, les entreprises et les divers acteurs financiers doivent évaluer et chiffrer leur exposition au risque climatique et mettre en place les stratégies nécessaires pour en limiter l’impact.
Une richesse partagée
"Pour assurer une transition harmonieuse et juste vers une économie sobre en carbone et pour s'adapter au réchauffement déjà enclenché dans le système climatique, il sera important que les avantages de l'accès à des sources d'énergie plus propres soient partagés par tous", concluent les investisseurs. Ils évoquent entre autres les bénéfices économiques de cette transition et la création d’emplois industriels.
Cet appel est d’autant plus important que le plus puissant membre du G7, les États-Uniq, a, depuis un an, engagé sa sortie de l’Accord de Paris. Par ailleurs, Donald Trump vient d’engager un plan d’aide au charbon, jugeant qu’une trop forte dépendance aux énergies renouvelables est un danger pour le pays.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin