Publié le 26 juin 2019
ENTREPRISES RESPONSABLES
Loi Pacte : la Maif, première grande entreprise à se transformer en société à mission
La Maif est la première entreprise à déclarer entamer sa transformation pour adopter le statut d’entreprise à mission ouvert par la loi Pacte d’ici le printemps 2020. Un moyen pour l’assureur "militant", selon son mantra, de valoriser sa différence dans un secteur particulièrement concurrentiel.

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"L’entreprise du XXe siècle sera politique où ne sera plus". C’est la thèse du nouveau livre du directeur général de la Maif, Pascal Demurger. Et il la met en application sur le terrain en annonçant mettre son entreprise sur la voie de l’entreprise à mission, le nouveau statut ouvert par la loi Pacte.
L’annonce, faite lors de son assemblée générale du 3 juin 2019, fait de l’assureur un pionnier du genre pour les entreprises de son envergure. La Maif compte près de 7 500 employés, couvre les besoins de plus de trois millions de sociétaires et pèse 3,6 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2018. Si déjà une dizaine de grands groupes du CAC40 ont évoqué l'adoption d'une raison d'être dans leurs statuts, voire ont passé le pas comme Atos, peu ont poussé la réflexion jusqu'au statut d'entreprise à mission jugé trop contraignant.
Une démarche dans la logique de l'assureur militant
La démarche apparaît cependant logique pour la Maif considérant le positionnement de la société qui a fait de son engagement social sa signature. Elle est "rendue plus légitime encore par les attentes très fortes des citoyens qui s’expriment vis-à-vis des entreprises et que la Maif voit comme autant d’opportunités au service de sa performance", écrit l’entreprise dans un communiqué.
Premier assureur du secteur associatif, l’assureur est aussi fortement engagé dans la transition énergétique avec l’accompagnement de la filière du recyclage automobile, de l’accès au numérique ou la transition agricole avec le lancement de son fonds de 50 millions d’euros avec Akuo Energy destiné à "faire cohabiter sur un espace commun exploitation biologique et production électrique renouvelable". 80% de son portefeuille d’actifs est dédié à des investissements ISR et le patron de la Maif se targue d’avoir poussé la cohérence jusqu’à avoir vendu les actions Bayer le jour où le géant de la chimie a acquis Monsanto. Côté employeur, l’entreprise met en avant sa note de 99/100 à l’index Pénicaud sur l’égalité homme femmes et sa certification Top employeur.
Cap sur 2020
Mais il en faudra encore plus pour assurer sa transformation en entreprise à mission. Les premiers pas ont été faits en dotant la Maif d’une raison d’être (1) présentée fin mai. Le suivi de cette mission sera piloté par un "chief mission officer", nouvellement nommé. Il lui faudra ensuite faire entériner l’inscription de sa raison d’être dans les statuts de l’entreprise, lors d’une assemblée générale extraordinaire. Un préalable nécessaire à l’obtention du statut d’entreprise à mission. Elle se tiendra le même jour que sa prochaine AG, en 2020.
Pour ces différentes étapes, la Maif peut compter sur le réseau de la Communauté des entreprises à mission, qui regroupe l’ensemble des entreprises intéressées par le changement de statut, comme La Camif ou La Poste. Un réseau d’échanges de bonnes pratiques qui sera sans doute bienvenu. Le nouveau statut demande en effet que l’entreprise opère quelques ajustements que ce soient en termes de gouvernance ou de mesure de l’impact pour répondre aux différents critères. Elle devra notamment se doter d’un comité de mission, distinct des des organes sociaux de l’entreprise et comptant au moins un salarié. Ce comité sera chargé du suivi de la mission et de son alignement avec les activités de l’entreprise.
Un travail ambitieux que le DG espère payant. Comme il le déclarait aux Echos, "nous ne le faisons pas seulement par conviction mais aussi pour des raisons stratégiques. Nous sommes convaincus que cela peut développer notre attractivité".
Béatrice Héraud @beatriceheraud
(1) "Convaincus que seule une attention sincère portée à l’autre et au monde permet de garantir un réel mieux commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos engagements et de chacune de nos actions. C’est notre raison d’être".