Trop cher et pas assez rentable. Les dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME) peinent à trouver les solutions pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre face aux enjeux financiers que cela représente. Une étude menée par Bpifrance Le Lab, l’institut de recherche de la banque publique d’investissement, montre que pour 49 % d’entre eux, c’est le manque de moyens financiers qui les empêche d’assurer leur transition climatique.
Ils sont pourtant convaincus de l’urgence à agir, pour 80 % d’entre eux. Mais le passage à l’acte s’avère plus difficile. Ils ne sont plus que 51 % à intégrer les enjeux climatiques dans la stratégie de leur entreprise, et seulement 13 % déclarent être en mesure de réduire de manière significative leurs émissions carbone dans les cinq prochaines années.
Ils ne restent pas pour autant sans agir, mais préfèrent le plus souvent des gestes simples, tels que la mise en œuvre du recyclage dans les bureaux (pour 71 %), la réduction de l’usage du plastique et du papier (59 %) et l’extinction automatique des lumières (51 %). Les mesures de plus grande ampleur ont moins la cote. La mise en place d’une stratégie d’éco-conception des produits, par exemple, n’emporte que 22 % des suffrages et l’utilisation d’énergie décarbonée pour les équipements que 21 %.
Priorité au carnet de commandes
"La priorité d’une PME, c’est d’abord son carnet de commandes, la satisfaction de ses clients et sa santé financière. Nous n’avons pas les moyens de mener une politique très volontariste en matière d’environnement sinon nous adapter aux évolutions, répondre aux besoins de nos clients en la matière et rester vigilants face aux nouvelles opportunités", explique ainsi le dirigeant d’une PME de la menuiserie dans l’étude.
Face à ce dilemme, les dirigeants d’entreprises voient deux leviers pour les aider. Le premier se trouve au niveau des clients qui sont, d’après 54 % des dirigeants de PME, les principaux moteurs de la transformation. C’est à eux d’influencer la demande en exigeant des produits respectueux du climat et de l’environnement. Mais à condition d’accepter de payer le surcoût, ce qui n’est que rarement le cas.
L’autre levier d’action se trouve du côté des pouvoirs publics. Ceux-ci pourraient faciliter le financement de la transition bas carbone de leurs modèles. Soit par le biais de subventions (64 % des répondants), de la fiscalité (59 %), ou d’une réglementation qui mette tout le monde au même niveau (49 %).
Saisir les opportunités
Pour Marie-Cécile Moinier, associée dans le cabinet d’audit BM&A, les PME devraient adopter des stratégies RSE (responsabilité sociétale des entreprises), tout comme les grands groupes. "Le fait d’avoir une vision globale de la RSE permet de se rendre compte de ce que l’entreprise fait déjà, et de ce qu’elle doit encore faire", explique-t-elle. Un moyen de remettre à plat la stratégie et d’assurer la pérennité de l’entreprise.
Bpifrance, de son côté, propose une démarche en trois temps pour adapter son entreprise. Celle-ci consiste en premier lieu à s’informer sur le changement climatique et à bien connaître les concepts liés (les scénarios 2 degrés, la neutralité carbone, l’atténuation, etc.). Les dirigeants de PME doivent ensuite évaluer les risques et opportunités du changement climatique pour leur modèle d’affaires. Enfin, vient le temps de l’action aussi bien pour atténuer le risque que fait peser l’entreprise sur le climat que pour adapter son modèle en saisissant les nouvelles opportunités.
Arnaud Dumas, @ADumas5
Publié le 16 juillet 2020
Pour près de la moitié des dirigeants de PME, les moyens financiers manquent pour adapter leur modèle au changement climatique. Ils sont pourtant en grande majorité conscient de l’urgence climatique, selon une enquête de Bpifrance Le Lab, mais peinent à la traduire dans leur entreprise. Ils attendent pour cela un geste de l’État et, surtout, l’engagement de leurs clients.
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