Des fêtes de familles en petit comité, des personnes seules et isolées car positives… Pour la deuxième année consécutive, la France a vécu un Noël assombri par le Covid-19. Le 25 décembre, le pays a battu un record en franchissant la barre des 100 000 nouveaux cas en 24h. Un seuil inédit depuis le début de l’épidémie en mars 2020, selon les chiffres de Santé publique France. L’extrême contagiosité du variant Omicron est clairement en cause.
À tel point que le 23 décembre, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy a alerté sur le risque de "désorganisation possible d’un certain nombre de services essentiels" à la rentrée comme l’éducation, les transports, la sécurité ou la santé en raison de "l’absentéisme" et des "arrêts de travail" dus au "très grand nombre de contaminations à Omicron". Le Conseil scientifique appelle ainsi à assouplir les règles d’isolement. Aujourd’hui un cas contact d’une personne contaminée par Omicron doit s’isoler 7 jours, même avec un schéma vaccinal complet et 17 jours s’ils vivent dans le même foyer.
Eviter une paralysie du pays
"Cette disposition risque de mettre le pays à genoux. Sachant qu’en moyenne une personne contamine plus de 10 personnes, avec 100 000 cas par jour, c’est 1 million de cas-contacts en quarantaine 7 à 17 jours, soit plus de 10 millions de jours d’arrêt générés chaque jour", a critiqué sur Twitter l’épidémiologiste Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de Santé globale de Genève. "En trois jours, les services essentiels du pays seront à l’arrêt : le pays sera paralysé. En sept jours tout le pays sera en quarantaine. Qui a pu concevoir pareille disposition ? Isoler cinq jours les positifs est utile, isoler les cas-contacts avec Omicron est un vœu pieux", a-t-il ajouté.
Le gouvernement lui-même veut éviter "tout phénomène de paralysie dans le pays", a concédé le ministre de la Santé Olivier Véran. Lundi 27 décembre, deux rendez-vous importants pourraient changer la donne. Un conseil de défense sanitaire consacré à l’épidémie se tiendra à partir de 16h, s’ensuivra un conseil des ministres exceptionnel qui doit adopter le projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal. "Il y a des cellules d’anticipation à tous les niveaux pour permettre au pays de tourner. Les règles évolueront probablement mais je ne peux pas encore vous dire comment cela va évoluer", a déclaré Olivier Véran.
Des premières failles
Tout porte à croire que le gouvernement va lâcher du lest. Des premières failles ont été observées notamment à la SNCF qui a dû supprimer des trains dans plusieurs régions en raison d’un grand nombre de contrôleurs positifs au Covid ou cas contact. Les secteurs de l’hôtellerie-restauration ou de la culture scrutent avec inquiétude l’évolution chez nos voisins britanniques. Le Musée d’histoire naturelle de Londres par exemple, a dû fermer plusieurs jours en raison d’une "pénurie de personnel imprévue" tout comme plusieurs théâtres de la capitale.
Le président du Medef se veut rassurant. "Il n’y a pas de raison de paniquer aujourd’hui. Toutes les grandes entreprises ont défini des ‘plans de continuité de l’activité’", a estimé Geoffroy Roux de Bézieux dans une interview au JDD. "S’ils ne permettent pas de faire face à toutes les difficultés, ils garantissent l’activité par rapport à un grand nombre d’entre elles. Tout dépendra de l’évolution de la situation sanitaire."
Marina Fabre Soundron @fabre_marina avec AFP