Publié le 17 novembre 2016
ENTREPRISES RESPONSABLES
Distribution : comment réduire le gaspillage alimentaire ?
Réduire le gaspillage alimentaire, c’est rentable. En trois mois, dix magasins ont généré 70 000 euros d’économie chacun, en moyenne. Comment ? En réduisant de 22% leurs pertes alimentaires grâce à des mesures proposées par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). L’objectif : généraliser ces bonnes pratiques.

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Comment réduire concrètement le gaspillage alimentaire dans la distribution ? Dix magasins de cinq grandes enseignes (Carrefour, Intermarché, Système U, E. Leclerc et Auchan) ont participé à une grande opération de lutte contre les pertes alimentaires.
Comment ? En appliquant une dizaine de mesures proposées par l’ADEME et le ministère de l’Environnement. Pour quel Résultat ? En trois mois, ces magasins ont diminué de 22% leurs invendus alimentaires et réduit de 160 tonnes la masse de produits jetés. Une économie annuelle moyenne de 70 000 euros par magasin.
"C’est un bénéfice environnemental et sociétal, estime Bruno Lechevin, président de l’ADEME. La cerise sur le gâteau, c’est la rentabilité économique."
"Rentabilité économique"
La distribution produit 14% du gaspillage alimentaire global. Soit 1,4 million de tonnes de produits perdus. À l’échelle nationale, l’expérience menée aujourd’hui permettrait de diminuer de 300 000 tonnes par an les invendus alimentaires, soit une économie de 700 millions d’euros. La distribution à un "intérêt à agir", martèle Bruno Lechevin.
Quelles sont les principales actions à appliquer ?
- "La première action est de développer le don", estime Sandrine Mercier, directrice développement durable à Carrefour. L’enseigne vise une réduction de 50% de son gaspillage alimentaire pour 2025. Depuis février 2016, la loi oblige les moyennes et grandes surfaces de plus de 400 m2 à conclure une convention avec une association caritative. Mais les freins sont multiples : gestion des invendus alimentaires inefficace, mauvaise compréhension entre les associations et les magasins, rupture de la chaîne du froid… Pour y pallier, l’ADEME propose de nommer en interne une personne en "contact permanent avec les associations". Un ambassadeur chargé de gérer le développement du don.
- Créer une gondole "zéro gâchis". L’ADEME conseille de séparer des autres rayons les produits dont la date limite de consommation approche. Alain Vallié, directeur de Système U, assure qu’en trois mois, en dédiant un espace aux "produits stickés", 90 à 95% des éléments ont été vendus. Contre 27% avant l’expérience.
- Limiter le libre-service des fruits et légumes. Ce secteur est le plus touché par le gaspillage alimentaire. En cause : une fragilité, une surmanipulation des produits et une surcharge des rayons. Cette vente assistée permet d’accompagner les clients, de les sensibiliser, mais aussi de créer de l’emploi. Frédéric Vaccaro, directeur d’Auchan à Boulogne Sur Mer a réduit de 30% son gaspillage alimentaire et créé deux postes et demi grâce à cette méthode. "C’est un cercle vertueux", affirme-t-il.
- Cibler les produits responsables du gâchis. Selon l’ADEME, moins de 1% des produits sont responsables de 20% du gaspillage alimentaire. Une donnée inédite permise par le recours au big data, le traitement de grandes quantités de données informatiques. Objectif : ne plus proposer "le plus large choix" mais "le meilleur choix" aux clients.
L’ADEME espère généraliser ces bonnes pratiques en s’appuyant sur les résultats encourageants de cette expérience. Mais "il faut aller plus loin, affirment les enseignes. Tout le monde est concerné."