Le centre de recherche de Novethic a étudié l'influence que peut avoir l'exclusion normative. A travers l'analyse des listes noires publiées par 19 investisseurs d'Europe du Nord gérant 1500 milliards d'euros sur des critères de violations des droits humains, il a établi des typologies des modes d'action des investisseurs.
Classés en trois catégories (manquements au droit du travail, absence de respect des droits des communautés locales et activités exercées dans des régions où des exactions sont commises par les autorités publiques), les violations des droits humains recensées par les investisseurs sont interprétées de façon différente.
Entreprises exclues
Novethic a analysé en profondeur les controverses concernant six multinationales très présentes sur les listes noires :
Walmart pour les conditions de travail chez ses sous-traitants et l'absence de liberté syndicale;
Yahoo! pour complicité de violation des libertés d'expression en Chine;
Chevron condamnée à une amende colossale pour pollution de l'Amazonie en Équateur;
PetroChina mise en cause pour complicité avec les exactions des régimes birmans et soudanais;
Vedanta pour le non-respect des droits des populations autochtones;
Shell pour la situation dans le delta du Niger.
Les investisseurs cherchent à identifier les risques pour éviter d'en payer le prix
L'étude de Novethic montre que si l'exclusion normative ne suffit pas à changer les choses, elle amène les investisseurs à remettre en cause des modèles économiques qui conduisent à des violations des droits humains dont le coût leur semble, in fine, trop élevé pour les entreprises elles-mêmes. S'ils protègent ainsi leur propre réputation c'est aussi une façon d'alerter les compagnies et de les inciter à mettre fin aux controverses.
Quelle influence peuvent avoir des investisseurs responsables en excluant de leur portefeuille des multinationales controversées pour violations des droits humains ? Certains sont prêts à refuser d'être actionnaires d'entreprises associées à des risques sociaux qui leur semblent trop élevés. En mettant à l'index les entreprises controversées, les investisseurs responsables contribuent à limiter leurs dérives.
Le 5 juin 2013, près de 100 participants – représentants de sociétés de gestion, investisseurs, ONG, etc - ont assisté à la conférence-débat organisée Cnéma La Pagode à Paris, pour la publication de l'étude Novethic, «Entreprises controversées : les listes noires d'investisseurs changent-elles la donne ? ».