Publié le 18 décembre 2019
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Vidéo des solutions] Épluchure d’oignon, peau d’avocat… La teinture végétale de Whole, alternative écologique aux teintures chimiques
C'est une bulle artisanale en plein cœur de Paris. L'atelier-boutique Whole propose du linge de maison entièrement teinté naturellement. Le rose est confectionné avec de la peau d'avocat, le jaune avec des épluchures d'oignons, le violet avec les fleurs de safran... Une alternative écoresponsable à la teinture chimique, deuxième source de pollution de l'eau dans le monde.

Marina Fabre
Et si on se passait des teintures chimiques ? Ces dernières sont la deuxième source de pollution de l’eau dans le monde. Largement utilisées dans l’industrie textile, leur utilisation provoque des dégâts considérables sur l’environnement et la santé. Il existe pourtant des alternatives. La manufacture Whole en est un exemple criant.
Situé dans le 11e arrondissement, cet atelier boutique propose des pièces de décorations et du textile pour enfant en misant sur les teintures naturelles. En cet après-midi de décembre, une odeur de soupe à l’oignon embaume l’arrière-boutique de Whole. C’est ici qu’Aurélia Wolff, la créatrice de la marque, prépare ses décoctions.
Les déchets alimentaires colorent le tissu
"On récupère les épluchures d’oignons des restaurateurs du coin. Les oignons rouges vont donner une couleur jaune moutarde au tissu", explique Aurélia Wolff en plongeant un tissu blanc dans la marmite. Peaux d’avocat, fanes de carottes, rhubarbes… ici les déchets deviennent les ingrédients indispensables à une teinture écologique de qualité.
La créatrice, qui figure partie les lauréats d’un appel à projets Pariculteurs, va ouvrir en septembre un jardin de plantes de 300 mètres carrés dans le 13e arrondissement. Plantes qui lui serviront à créer ses propres teintures. En attendant, elle collabore avec d’autres lauréats Pariculteurs, à l’instar des Sœurs Bien Élevées qui se sont lancées dans la culture de safran sur les toits de Paris. Après avoir récolté les pistilles, ces trois filaments rouges, très fins, utilisés dans la cuisine, les quatre sœurs envoient les fleurs à Aurélia Wolff qui les utilise pour imprimer les fleurs de safran, à la main, sur des draps.
Un métier à tisser dans la boutique
"Ici, tous les tissus sont sourcés en France et issus de tissages 100 % locaux. On utilise surtout de la laine merinos et du lin, des ressources écologiques", fait remarquer Aurélia Wolff. De la rue, on devine dans la devanture un métier à tisser, une pièce devenue rare dans l’industrie textile. Après avoir teint la laine de mérinos, c’est ici que les plaids, écharpes, couvertures… sont confectionnés. Un savoir-faire ancestral manuel qui tranche avec la rapidité de confection attachée à la fast fashion (la mode éphémère).
"Le plus difficile, c’est de trouver un business model viable", concède Aurélia Wolff. "Avec le métier à tisser, la confection est longue. Il n’y a que le luxe qui utilise encore cette méthode", ajoute-t-elle. La créatrice propose également des ateliers pour apprendre aux intéressés à teindre naturellement leur tissu. Surtout, pour "aller au bout de notre démarche et créer une boucle 100 % vertueuse de la plante à la plante", Aurélia Wolff voudrait déménager son atelier à côté du jardin des plantes dont elle a l’usufruit dans le 13e arrondissement. "Eco conçu, il abritera nos activités de valorisation des plantes en extraits végétaux pour la teinture, de création et fabrication, d’animation de workshops". Pour cela la créatrice a lancé une campagne de crowfunding sur Miimosa.
Marina Fabre, @fabre_marina