Publié le 07 février 2020
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
Coronavirus : stress-test raté pour l’économie mondiale
En quelques semaines, l’épidémie de coronavirus, dans la province du Wuhan, a mis à mal de grandes chaines d’approvisionnement et altéré nos modèles économiques. Ce virus a mis en évidence une faille dans la mondialisation au cœur de laquelle se trouve la Chine. Or, les épidémies pourraient s’accroître à la faveur du réchauffement planétaire.

@KevinFrayer/GettyImages/AFP
Plus aucun vol de la Lufthansa, de British AirWays et d’Air France vers la Chine. Foxconn, fournisseur d’Apple et d’une large partie de la tech mondiale, qui dévisse de 10 % en Bourse après la fermeture de ses usines au moins jusqu’à mi-février. Les chaînes d’assemblage de l’A320 à Tianjin fermées. Le baril de pétrole qui perd 20 % de sa valeur en un mois. Une baisse de 7 à 30 % de la production automobile mondiale au premier trimestre…
Le coronavirus nous apporte deux enseignements. Le premier est la matérialisation du poids économique de la Chine. Premier importateur de matières premières de la planète et usine du monde, la santé du pays impacte toutes les industries et tous les services. En 2003, l’épidémie de SRAS, virus pourtant plus infectieux, avait eu des effets bien plus modérés. Mais alors l’ex-Empire du Milieu ne comptait que pour 4 % de l’économie mondiale. Aujourd’hui, il en représente 16 %. Les deux points de PIB que le pays va perdre au premier trimestre se traduiront en 0,4 à 0,5 point de PIB en moins dans le reste du monde.
D’autres épidémies à venir
Le second enseignement est la fragilité de notre système économique mondial. Au moment d’écrire ces mots, le virus a provoqué plus de 600 morts et touche 30 000 personnes. À l’échelle individuelle, de nombreuses familles pour qui c’est évidemment un drame. Mais à l’échelle d’un pays de 1,4 milliard d’habitants, c’est si peu. Et pourtant les chaînes mondiales de sous-traitance sont à genoux.
Cette hypermondialisation n’est pas une découverte et encore moins une surprise. Mais savions-nous que nos approvisionnements pouvaient s’écrouler en quelques semaines pour un événement certes dramatique mais dont l’ampleur est limitée. Et face auquel les autorités chinoises semblent réagir vite et fort. C’est d’autant plus inquiétant que le coronavirus n’est peut-être – sans doute - que l’avant-garde d’un problème qui va se généraliser à l'avenir.
Parmi les innombrables conséquences néfastes du réchauffement climatique, il y a l’accroissement des épidémies, même si ce risque est encore difficile à chiffrer. Deux vecteurs vont porter ces maladies. D’une part, les moustiques, les moustiques-tigres en particulier, qui avec des températures plus élevées étendent leur habitat emportant avec eux dengue, chikungunya, Zika…. L’autre est l’eau. Avec le réchauffement, les populations ont des besoins accrus et se tournent vers des sources moins pures ouvrant la voie à une recrudescence du choléra. Notre capacité à gérer le coronavirus et à y résister est un vrai stress-test pour l’avenir.
Ludovic Dupin @LudovicDupin