Publié le 28 février 2020
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Édito] L’innovation pour sauver le climat : avoir la foi ou pas
Pour de grands noms de la tech comme Jeff Bezos, Elon Musk ou Bill Gates, miser sur la science et l’ingénierie pour créer des innovations disruptives qui vont sauver le monde du réchauffement climatique est une évidence. En revanche, d’autres experts estiment que seul l’investissement dans les technologies existantes est raisonnable.

@GeneralFusion
Jeff Bezos a annoncé, il y a quelques jours, la création d’un fonds de 10 milliards de dollars pour financer la recherche en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Cet argent, entièrement sorti de sa poche, le plus gros mouvement du genre, doit permettre de faire émerger des solutions environnementales pas encore imaginées ou à peine esquissées, complétement disruptives pour sauver notre planète d’une trajectoire si mal engagée en matière de réchauffement et de biodiversité.
Jeff Bezos n’est pas le seul à avoir cette foi dans la capacité d’innovation de l’Humanité. Bill Gates y croit aussi. En 2015, il lançait la Breathrought Energy Coalition, un fonds de plusieurs milliards, pour faire évoluer de nouvelles technologies – avec un fort tropisme nucléaire - pour changer le monde. On pourrait ajouter de nombreux autres grands noms qui sont prêts à financer les recherches les plus prospectives et futuristes : Jack Ma, le PDG d’Alibaba, Elon Musk, le patron de SpaceX et Tesla, Richard Bronson, le fondateur de Virgin...
Technologies matures en 2050
Les défenseurs d’une science "solution à tout" croient que l’apparition de la fusion nucléaire, de la géo-ingénierie, du stockage de carbone, des stations solaires orbitales, de l’intelligence artificielle finiront inévitablement par nous sortir de l’ornière dans laquelle la civilisation des fossiles a plongé le monde. De l’autre côté, il y a tout un groupe de personnes qui refusent de faire le pari du progrès pour nous sauver.
Par exemple, un rapport du Haut Conseil pour le climat britannique, remis au gouvernement de Boris Johnson en février, juge que "nous ne pouvons pas attendre que des technologies révolutionnaires produisent des émissions nettes nulles d'ici 2050. Au lieu de cela, nous devons utiliser les technologies d'aujourd'hui avec des changements progressifs". Pour eux, par exemple, ni les technologies à base d’hydrogène, ni la capture du carbone n’arriveront à maturité assez tôt face à l’urgence actuelle. Les experts britanniques ne sont pas les seuls à penser ainsi.
Le fonds danois pour l’innovation, l’équivalent de la BPI en France, doute par exemple d’un impact significatif de la viande artificielle, de l’utilisation du carbone atmosphérique ou de la blockchain sur le réchauffement. Ces deux mondes ont du mal à s’entendre. Les premiers dénoncent la culture de la décroissance des seconds. Les seconds accusent les premiers de scientisme, d’une foi inconsidérée dans le progrès. Faut-il choisir son camp ? Espérons que non car le monde doit être capable de financer ces deux visions de l’avenir afin de ne se fermer aucune porte.
Ludovic Dupin @LudovicDupin