Publié le 17 janvier 2018
SOCIAL
[Ces Startups qui changent le monde] Provenance met la blockchain au service de la traçabilité alimentaire
Elles sont jeunes et elles veulent changer le monde. Chaque jour, de nouvelles startup voient le jour en espérant améliorer notre façon de produire ou de consommer, en améliorant la traçabilité des matières premières utilisées, en misant sur l’éco-conception ou l’innovation sociale. Chaque semaine, Novethic a décidé d’aller à la rencontre de l’une d’entre elles. Aujourd'hui, nous vous présentons Provenance, une startup anglaise qui utilise la blockchain pour mieux tracer l’origine des aliments et leur parcours jusqu’à notre assiette !

Provenance
Travail forcé, utilisation de produits toxiques et autres contaminations de produits par des bactéries… Les scandales se multiplient dans l’industrie agroalimentaire. Avec un point commun : le manque de traçabilité. Et si la blockchain, cette nouvelle technologie à l’origine de la création du bitcoin et dont on dit qu’elle pourrait révolutionner le secteur financier, pouvait aussi permettre plus de transparence et de traçabilité dans les chaînes d’approvisionnement agro-alimentaires ? C’est l’idée de plusieurs startups qui se lancent sur ce créneau. L’une des plus aboutie est anglaise : Provenance.
Tracer le produit du champ ou de la mer à l'assiette
Créée en 2014, la startup a très vite misé sur cette technologie émergente qui permet d’enregistrer toutes les transactions, à toutes les étapes de la production, et de les rendre accessibles au public, pour favoriser la traçabilité des produits. Elle utilise Ethereum, le type de blockchain considéré comme le plus prometteur. En plus de valider des transactions monétaires, Ethereum permet d’exécuter ce que l’on appelle des 'smart contrats' qui fonctionnent comme des instructions du type "si…alors…" et qui garantissent que les termes du contrat ne pourront pas être modifiés.
La technologie est rendue accessible aux producteurs et au grand public par le biais d’une application sur smartphone. Les producteurs envoient par Internet ou SMS les détails de leur production, puis un tag digital est affecté au produit et le suit tout au long de la chaîne de production. De quoi permettre au consommateur, que soit dans un restaurant ou un supermarché partenaire, de connaître l’origine du produit ou de ses ingrédients, et les différentes étapes qu’il a parcouru jusqu’à lui.
Une application testée et adoptée !
Pour tester la fiabilité et l’efficacité du dispositif, Provenance s’est appuyée sur un projet pilote de six mois réalisé avec une organisation philanthropique Humanity United. Elle visait le thon en Indonésie, l’un des principaux pays producteurs. Le secteur choisi était loin d’être le fruit du hasard : la pêche, en Asie du Sud-est, est très affectée par l’esclavage moderne. Il y a quelques années, la révélation de telles pratiques au grand public avait ainsi éclaboussé de grandes marques comme Nestlé ou les chaînes de distribution Tesco et Carrefour. Le projet a convaincu des marques installées comme Co-op food, une chaîne de distribution coopérative, de tester la technologie sur d’autres secteurs comme les produits frais.
Depuis, Provenance travaille avec 200 détaillants du secteur alimentaire et des boissons et avec des organismes de certification reconnus comme la Soil Association. Elle emploie 10 personnes dans quatre pays et a levé quelque 800 000 $ de fonds l’an dernier.
Mettre en valeur les entreprises "vraiment éthiques"
"Provenance encourage les marques à partager d'elles-mêmes des informations sur leur chaîne d'approvisionnement. Nous leur demandons de prouver l'authenticité de ces données, de les tracer à leur source, de fournir des liens vers des documents certifiés. Ainsi, nous pouvons examiner si leur provenance est éthique", explique Jessi Baker, la fondatrice et présidente de Provenance au Figaro. L’objectif est de mettre en avant les entreprises "vraiment éthiques", souligne-t-elle et qui peuvent en faire un avantage compétitif, donc monétisable. Car la traçabilité a évidemment un coût qui est loin d’être négligeable.
Pour Jessi Baker nous n’en sommes qu’au début de la révolution. Selon elle, il faut compter cinq ans pour que la technologie blockchain devienne un outil majeur pour les transactions courantes dans les différents marchés. D’autres experts sont plus prudents, rappelant que la technologie reste très jeune et doit être améliorée au niveau de sa sécurité et de son passage à grande échelle.
Béatrice Héraud @beatriceheraud