Publié le 13 juin 2019

SOCIAL

Non, le burn out n’est toujours pas reconnu comme maladie professionnelle par l’OMS

Malgré ce qui a été dit, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a pas reconnu le burn out comme maladie professionnelle mais elle le considère désormais comme un "phénomène lié au travail". Sa reconnaissance pourrait pourtant alléger le parcours des victimes. Surtout, sa prise en charge pourrait peser en majorité sur une branche de la Sécurité sociale largement financée par les employeurs, et non plus sur les collectivités, comme c'est le cas aujourd'hui. 

La Haute Autorité de la Santé (HAS) renvoie le "burn-out" à toute sorte de stress, de grande lassitude ou de fatigue liée à son travail.
©CC0

"Le burn-out reconnu comme maladie professionnelle". Voilà les titres de presse qu’on pouvait lire le 25 mai, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un communiqué annonçant que le burn out, traditionnellement traduit par "épuisement professionnel", avait fait son entrée dans la Classification internationale des maladies. Même Benoit Hamon y a cru qualifiant, dans un tweet, cette nouvelle de "tournant majeur".

 

 Des conclusions hâtives

Mais c’était aller trop vite en besogne. Le lendemain, un porte-parole de l’OMS a finalement remis les points sur les i. Le burn out "n’est pas classé parmi les maladies" mais "comme un syndrome résultant de stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès". En réalité, comme le note l’AFP, le burn out est passé de la catégorie "facteur influençant l’état de santé" à celle de "phénomène lié au travail" mais sans entrer dans la liste des "maladies". Et cela change tout.

Actuellement, la démarche se fait au cas par cas. Un salarié en burn out peut être indemnisé par l’Assurance maladie et donc par la collectivité. Pour cela, "il doit lui-même prouver que son trouble est directement lié au travail et présenter une incapacité permanente partielle (IPP) d’au moins 25 %, un taux très important", explique la psychologie Marie Pezé"Aujourd’hui, faire reconnaître les effets du burn-out en maladie professionnelle relève du parcours du combattant". La stratégie est donc de cocher la case accident du travail, par défaut.

L'exécutif pas favorable à sa reconnaissance

Or, si l’OMS reconnaissait le burn out en tant que maladie professionnelle, ce serait à la branche "Risques professionnelles" de la Sécurité sociale de prendre en charge les indemnités, une branche quasi exclusivement financée par les employeurs. C’est pourquoi en février 2018 plusieurs députés avaient fait une proposition de loi pour faire reconnaître comme maladies professionnelles les pathologies psychiques résultant de l’épuisement au travail (dépression, stress post-traumatique, anxiété généralisée) mais leur proposition a été rejetée.

Et l’exécutif n’y semble pas du tout favorable. Interviewée sur France Inter, Muriel Pénicaud, ministre du Travail a estimé que le burn out n’était "pas une maladie professionnelle au sens strict, il y a cumul avec la vie personnelle et quand on arrive au désespoir il n’y a plus rien pour vous raccrocher. La définition n’est pas médicalement prouvée. De toute façon, on est obligé de suivre l’OMS", a-t-elle avancé.

Marina Fabre, @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Risques psychosociaux

Le stress au travail, l’organisation des entreprises et la prégnance d’objectifs de performance créent un environnement difficile pour beaucoup de salariés, cadres ou non. C’est ce qu’on appelle les risques psycho-sociaux. Ils génèrent de nouvelles pathologies come le burn-out et commencent à faire l’objet de campagne de prévention.

Photo Article Toxic Management

"Toxic management", plongée dans les dérives d’une entreprise libérée

Dans ce livre-témoignage, l’auteur raconte les dérives d’un grand groupe industriel aux méthodes de management marginales. Une plongée éreintante à travers les risques psycho-sociaux d’une entreprise qui croit pourtant en la validité de son modèle.

Sante mentale frnce nik shuliahin unsplash

Le Covid-19, un cataclysme pour notre santé mentale

Malgré la campagne de vaccination et la levée des restrictions sanitaires, la santé mentale des Français continue de se dégrader. 13 millions de personnes, soit un Français sur cinq est touché par un trouble psychique. Certaines entreprises proposent des aménagements pour alléger la pression, et...

Metro RATp

"Tromperie aggravée" et "Blessures involontaires" : la RATP attaquée en raison de la qualité de l’air dans le métro

La qualité de l’air dans le métro est étroitement surveillée par la RATP depuis 1997 et ces données sont désormais accessibles au grand public. Pourtant l’association Respire juge que les mesures communiquées sont sous-estimées et mettent en danger la santé des usagers. C’est pourquoi celle-ci porte...

G stockstudio istock psychologue

Alors que le Covid pèse sur la santé mentale des Français, la Cour des comptes pousse à un remboursement des psychologues

La Cour des comptes préconise dans un nouveau rapport le remboursement des psychologues libéraux par l'Assurance maladie. C'est le médecin traitant qui fera l'effet de "filtre". Cette mesure permettra de désengorger les Centres médico-psychologiques et pourrait répondre à la détresse psychologique...