Publié le 08 novembre 2018
SOCIAL
Un an après les promesses du gouvernement, où est passée l’Économie sociale et solidaire (ESS) ?
Il y a un an, le Mois de l’Économie sociale et solidaire (ESS), organisé tous les ans en novembre, était lancé en grande pompe par Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, et Christophe Itier, Haut-commissaire à l’ESS, avec à la clé tout un tas d’annonces enthousiasmantes. Un an après, si le gouvernement a lancé le mouvement French Impact et labellisé 22 entreprises pionnières, les promesses tardent encore à se concrétiser.

@MTES
Cette année, c’est en toute discrétion qu’a été lancé le traditionnel Mois de l’Économie sociale et solidaire (ESS), organisé tous les ans en novembre depuis onze ans. Après un début d’année en fanfare, qui a vu naître le mouvement French Impact, nouvelle bannière commune pour les associations, fondations, coopératives, mutuelles, collectivités et entreprises sociales, les acteurs du secteur sont aux aguets et attendent de voir les belles promesses traduites en actes.
Au cœur de l’actualité, le Pacte de croissance de l’ESS, repoussé plusieurs fois, et désormais annoncé pour la seconde quinzaine de novembre. On le promet significatif, avec plus d'une centaine de mesures, assure le Haut-commissaire. "L’objectif est d’accroître la visibilité de l’ESS, consolider les modèles économiques des entreprises, favoriser leur passage à l’échelle, mieux accompagner l’innovation sociale et positionner la France comme un des pays leaders", explique Christophe Itier dans une tribune aux Échos.
Volonté politique en question
La semaine dernière, ce dernier, ancien dirigeant de l'une des plus grandes associations françaises "La Sauvegarde du Nord", a réuni plusieurs députés de la majorité pour leur détailler son Pacte de croissance. "Celui-ci est conforme aux besoins identifiés de l’ESS et il répond bien aux problématiques qu’il faut lever pour permettre à cette économie de changer d’échelle", résume Anne-Laurence Petel, députée LREM des Bouches-du-Rhône. Rien d’autre ne peut être dévoilé pour l’instant.
Sur le terrain, les acteurs jouent la carte de la confiance avec celui qui vient du sérail. "Christophe Itier est encore la personne la mieux placée pour faire bouger les choses, explique Julie Sohier, déléguée générale du Mouves par intérim. On voit qu’il se déplace beaucoup en régions, il rencontre les acteurs, il nous consulte. Ce n’est peut-être pas très médiatisé, mais on ne peut pas dire que le soufflé est retombé."
Même ressenti chez Hugues Sibille, le président du Labo de l’ESS. "L’ESS est extraordinairement vivante sur le territoire, on assiste à une dynamique de créations et d’innovations, constate-t-il. Au niveau national, en revanche, j’ai plusieurs regrets notamment sur le manque d’articulation entre la loi Pacte et ce pacte de croissance pour l’ESS. Outre les mesures annoncées, il faudra une vraie volonté politique. On a beau avoir un Haut-commissaire très motivé, s’il n’embarque pas Bercy, Matignon et même un peu l’Élysée, ce ne sera pas suivi de faits."
Un événement européen dédié à l'ESS en 2019
Du côté du gouvernement, on multiplie les signaux rassurants. Le budget de l’économie sociale et solidaire a ainsi été augmenté de 25 % pour 2019 atteignant pour la première fois 20 millions d’euros. Une bonne nouvelle à relativiser toutefois puisque le paramètre a été élargi et comprend désormais les financements liés au Dispositif local d'accompagnement (DLA) des petites associations.
Plusieurs amendements en faveur de l’ESS ont également été déposés dans le cadre du Projet de loi de finances 2019. "On a réussi à trouver des députés qui acceptent de porter nos amendements plutôt culottés, ce n’est pas rien, assure Julie Sohier, du Mouves. On voit que le sujet prend de l’ampleur au niveau des politiques, ce qui n’était pas le cas auparavant."
Enfin, l’Élysée et le Haut-commissariat planchent sur un événement d’ampleur européenne autour de l’ESS qui se tiendra l’année prochaine à Paris. Peut-être en amont du G7 en juin, présidé en 2019 par la France. "Ce serait l’occasion de prendre le leadership sur ce sujet car la France est considérée avec intérêt par d’autres pays sur la finance solidaire, l’épargne salariale, les fonds 90/10. Emmanuel Macron pourrait avoir intérêt à valoriser ce qui constitue une partie de notre patrimoine", confirme Hugues Sibille.
Concepcion Alvarez @conce1