Publié le 21 janvier 2014
SOCIAL
Les entreprises sociales veulent jouer leur rôle dans l'économie européenne
Dans une déclaration publiée suite au colloque « Entrepreneurs sociaux : prenez la parole ! » organisé par la Commission européenne, les entreprises de l'ESS se positionnent comme les détentrices d'un nouveau modèle susceptible de permettre une sortie de crise. L'enjeu est majeur pour le secteur qui bénéficiait jusque-là de l'écoute attentive du commissaire Barnier. Mais les échéances électorales européennes pourraient rebattre les cartes.

© CESE européen
« Les entreprises sociales proposent un modèle économique pour le XXIe siècle qui assure un équilibre entre les besoins financiers, sociaux, culturels et environnementaux. » Et à ce titre elles comptent bien bénéficier de l'aide de l'Union européenne pour assurer les conditions de leur épanouissement. C'est en partie le sens de la Déclaration de Strasbourg publiée au terme du colloque « Entrepreneurs sociaux : prenez la parole ! » qui a rassemblé 2 000 personnes les 16 et 17 janvier. A la veille d'échéances politiques majeures pour l'Europe (élections européennes et renouvellement des commissaires), les entrepreneurs sociaux demandent la création d'une « gamme complète d'instruments financiers (...) qui soutiennent les entreprises sociales tout au long de leur cycle de vie », mais aussi de « donner un plus grand rôle aux entreprises sociales dans les réformes structurelles de sortie de crise, en particulier là où l'économie sociale est la moins développée ».
Contexte favorable
En d'autres termes, l'entrepreneuriat social se voit comme un acteur économique à part entière et comme un partenaire des politiques de relance économique et de cohésion sociale à l'échelle de l'Union. La perspective convient parfaitement au commissaire européen pour le marché intérieur et les services Michel Barnier qui fut à l'origine de l'Initiative pour l'entrepreneuriat social, un plan de 11 mesures lancé en octobre 2011. « Toutes ces convictions fortes portées par cette déclaration et ces acteurs de terrain doivent nous inspirer davantage, institutions européennes, États et collectivités pour créer des partenariats au service de cette croissance plus durable et plus inclusive pour les années à venir », a-t-il affirmé lors du colloque.
Certaines mesures ont déjà été mises en œuvre comme la création d'un référentiel pour les fonds d'investissement à fort impact social, les fonds EuSEF, destiné à en faciliter la création et l'abondement, le renforcement des critères sociaux ou environnementaux par la nouvelle directive sur les marchés publics ou encore la création du nouveau Programme pour l'Emploi et l'Innovation Sociale, doté de 815 millions € pour la période 2014-2020. Parallèlement, le Fonds d'Investissement Européen annonçait la création en juin dernier du Social impact Accelerator, un fonds de fonds auxquels se sont associés des banques privées et coopératives doté de 60 millions €. Mais d'autres actions sont en attente comme la révision du règlement sur les coopératives ou encore les travaux pour cartographier l'entreprise sociale en Europe. De même, les mutuelles ont profité de l'événement strasbourgeois pour rappeler leur aspiration à voir naître un statut européen de mutuelle.
Pour Jean-Daniel Müller, co-directeur de Siel Bleu, une entreprise sociale dans le champ de la santé, « tout ce qui se passe actuellement va dans le sens d'une vraie volonté d'avancer ». Si l'on ajoute, pour la France, l'examen par les députés de la loi Hamon sur l'économie sociale et solidaire prévu après les municipales, le contexte institutionnel a rarement été aussi favorable à l'entreprise sociale.