Publié le 01 décembre 2021
SOCIAL
Les entreprises de l’Économie sociale et solidaire sont plus résilientes face à la crise sanitaire et l’instabilité économique
Les chiffres sont unanimes. Les structures de l’économie sociale et solidaire, contre tout attente, résistent mieux aux turbulences économiques liées à la crise sanitaire. Une résilience dont les causes sont à trouver dans leur modèle économique, qui depuis très longtemps tente d’allier rentabilité, utilité sociale et environnementale.

Crédits : Hannah Busing / Unsplash
Impactées mais plus résilientes. Les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) tiennent le choc face à la crise sanitaire et l’instabilité économique ambiante. Avec ses 2,4 millions de salariés répartis dans 220 000 "établissements employeurs" (associations, coopératives, mutuelles, fondations, entreprises à vocation sociale, etc), l’écosystème de l’ESS capte aujourd’hui 14% de l’emploi salariés en France et 10% du PIB.
Selon la dernière note d’analyse de l’Observatoire de l’ESS, la décennie 2009-2019 a vu l’ESS gagner 84 843 emplois. Un dynamisme économique salué par de nombreux observateurs, mais fortement ralenti par la crise sanitaire avec la perte de 52 500 emplois (-2,5 %) en 2020 selon l’Observatoire. Mais portée par une croissance française forte (6,75% selon les derniers chiffres de la Banque de France), l’ESS a créé 4,7% de postes en plus au mois de juin 2021. Si bien que son niveau d’emploi dépasse celui d’avant la crise sanitaire avec la création de 54 000 postes. Notamment pour les secteurs les plus impactés économiquement comme le sport, les loisirs et la culture (+17,5%) et l’hébergement-restauration-tourisme solidaire (+7%).
Les raisons d’une résilience
"Les structures de l’ESS ont perdu moins d’emplois et rebondi plus rapidement que dans le reste de l’économie. Cette résilience face aux crises a toujours été l’une des grandes forces de l’économie sociale et solidaire", commente Jérôme Saddier, président d’ESS France et du Crédit coopératif.
Cette capacité à résister n’est pas nouvelle. Elle s’est particulièrement illustrée durant la crise financière mondiale de 2008. Non financiarisées et peu mondialisées, les structures de l’ESS ont moins été touchées. "Elles développent un capital patient et beaucoup moins soumis aux marchés financiers", ajoute Jean Moreau, coprésident du Mouvement Impact France, qui fédère 1500 "entreprises à impact social et environnemental", dont beaucoup sont issues de l’ESS.
Inscrit dans la loi, leur modèle de gouvernance - qui associe dirigeants, salariés et actionnaires à la prise de décision - demeure aussi un rempart contre l’instabilité économique. Statutairement, leurs bénéfices doivent également être réinvestis dans le maintien ou le développement de l’activité. "Du coup, dès qu’elles le peuvent, elles embauchent et c’est excellent pour l’économie. La lucrativité n’étant pas leur but premier, elles font d’autres choix stratégiques que les entreprises classiques. Même si elles veillent à rester rentables et aspirent à se développer", explique le président d’ESS France.
Des collaborateurs plus engagés
Pour Jean Moreau, cette résilience vient aussi du profil des collaborateurs : "Ce sont des talents plus engagés, avec une détermination forte pour les causes défendues par leur employeur. Lorsque les tempêtes surviennent, les équipes sont davantage fédérées pour les surmonter. J’observe beaucoup ça dans les start-up à impact."
Autre raison à lier au contexte sanitaire récent : le soutien important de l’État français en matière d’aides aux entreprises durant la crise. Chômage partiel, prêts garantis par l’État (PGE), plan de relance de 100 milliards d’euros (dont 1,3 milliards pour l’économie sociale et solidaire), ces mesures ont été extrêmement soutenantes pour les entreprises tricolores dans leur ensemble, dont celles de l’ESS.
Aujourd’hui, cette viabilité économique amène de plus en plus de voix de l’ESS à prôner un changement de paradigme dans les politiques économiques de la France. "Un modèle d’entreprise où l’impact social et environnemental est au centre, est viable. Il faut que l'État soutienne cet élan pour davantage polliniser l’économie réelle. Des géants de l’impact doivent aussi émerger. Je pense en exemple à l’assureur MAIF, à Biocoop ou le Slip Français", conclut le coprésident du Mouvement Impact France.
Mathieu Viviani @MathieuViviani