Publié le 25 avril 2018
SOCIAL
#FrenchImpact : "Adopte un entrepreneur" fait matcher entreprises sociales et jeunes pousses
Chaque semaine, Novethic vous fait découvrir un acteur clé du monde de l’économie sociale et solidaire (ESS) désormais rassemblé sous la bannière French Impact. Aujourd'hui, rencontre avec le Mouves, le Mouvement des entrepreneurs sociaux, créé en 2010. Il a réussi à fédérer un réseau de plusieurs centaines d’entrepreneurs et organise l’entraide et la solidarité entre eux afin d’imposer dans l’économie classique ces nouvelles formes d’entreprendre.

@Mouves
Jeune entreprise sociale cherche tuteur avec expérience pour partager un bout de chemin et échanger bons tuyaux. Désormais, ce ne sont plus des partenaires amoureux qu’on met dans son caddie, mais des jeunes pousses qui ont besoin d’être accompagnées. Le programme "Adopte un entrepreneur", lancé en début d’année par le Mouves (Mouvement des entrepreneurs sociaux), prévoit ainsi de faire "matcher" une cinquantaine d’entreprises par an.
Hébergement, mentorat et bénévolat de compétences
PariSolidari-thé fait partie des recrues de la première promotion. Sa spécialité : des jeux de piste participatifs pour découvrir la capitale sous l’angle de la solidarité en visitant des lieux dédiés à l’économie sociale et solidaire, au commerce équitable, au troc… La startup vient de signer une charte d’engagement avec l’entreprise Phénix, créée en 2014, qui met en contact restaurateurs, distributeurs et associations. Une référence dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
"Je suis à un stade de développement qui nécessite un regard extérieur et expérimenté, raconte Flora Doubilet, la fondatrice de PariSolidari-thé. Phénix va pouvoir m’ouvrir son réseau et m’aider par exemple à recruter et à manager une équipe de dix animateurs. Concrètement, j’ai besoin en urgence d’une stagiaire et je me suis souvenue qu’ils avaient une CVthèque qui pourrait m’être bien utile."
La jeune femme va très bientôt poser ses valises chez Phoenix où elle pourra bénéficier de bureaux et aura accès à toute l’équipe de salariés. "Il y a trois volets dans cette adoption : l’hébergement, le mentorat avec une personne référente au sein de l’entreprise hôte et du bénévolat de compétences sur les fonctions support pour répondre aux besoins du jeune entrepreneur", résume Mathieu Adeline, chargé de programmes au sein du Mouves.
Tout miser sur l'entraide
"Adopte un entrepreneur est assez symbolique de ce que propose le Mouves, explique Caroline Neyron, déléguée générale de l’association. Notre ambition est de miser sur la solidarité entre entrepreneurs pour aider les entreprises à grandir et à se développer. C’est gagnant-gagnant, car les entreprises hôtes ont elles aussi beaucoup à apprendre."
Le Mouves vient aussi de lancer 'Made in Social', des ateliers de formation et des rencontres d’affaires avec des grandes entreprises privées. "L’objectif est de donner des codes aux entreprises sociales, de leur transmettre le vocabulaire et leur permettre de mieux comprendre les valeurs des grands groupes pour développer des partenariats entre eux", poursuit Caroline Neyron.
800 adhérents
Créé en 2010 pour faire reconnaître le mouvement de l’entrepreneuriat social jusqu’alors inconnu en France, le Mouves revendique aujourd’hui plus de 800 adhérents et un soutien de poids au sein du gouvernement, avec la nomination de son ancien patron, Christophe Itier, au poste de Haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire. "Il y a évidemment une proximité forte entre nous (et le ministre, ndr), mais chacun reste dans son rôle", assure la déléguée générale qui n’hésite pas au passage à rappeler les revendications du secteur, notamment par rapport à la loi Pacte, dont certains se méfient.
"Les entreprises de l’ESS pourraient être la locomotive et montrer la voie aux entreprises classiques qui veulent se tourner vers l’intérêt général, assure Caroline Neyron. Mais nos structures ont besoin d’être soutenues pour opérer le changement d’échelle nécessaire et mener des actions sociales. Cela passe par exemple par une fiscalité différenciée, un fléchage de la finance solidaire, ou encore une préférence sur les marchés publics". Le message en tout cas est passé.
Concepcion Alvarez, @conce1