Publié le 24 novembre 2016
SOCIAL
Entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) : comment trouver des financements ?
L’ESS représente aujourd’hui 10% du PIB, mais peine encore à crever son "plafond de verre". La difficulté : séduire les investisseurs privés généralistes. Le gouvernement mène "une véritable politique publique de l’ESS", affirme Martine Pinville, secrétaire d’État chargée du secteur. Cet après-midi, les premiers contrats à impact social seront signés. Mais pour passer au stade supérieur, d'autres solutions existent. Tour d'horizon.

Sylvain Thomas / AFP
L’économie sociale et solidaire veut "changer d’échelle". Mais comment ? Mercredi 23 novembre, entrepreneurs, investisseurs et banquiers se sont rencontrés à Bercy. Objectif : identifier les problèmes, trouver des solutions et partager les bonnes pratiques.
À leur côté, Martine Pinville, secrétaire d’État à l’économie sociale et solidaire (ESS). Ce jeudi 24 novembre les premiers contrats à impact social proposés par le gouvernement seront signés. Leur but : attirer les investisseurs privés vers l’ESS.
Ils permettent à un investisseur de financer le projet d’une association. Si celle-ci atteint son objectif, l’État remboursera l’investisseur. "Une mesure engageante", estime Martine Pinville. Une mesure saluée par les acteurs de l'EES.
Mais d'autres leviers existent.
Mesurer l’impact social. Les investisseurs privés, plutôt frileux à l’égard d’entreprises dont la rentabilité économique "est faible", selon Martine Pinville, doivent pouvoir évaluer l'impact social. Un outil de mesure de la performance sociale qui permet d’établir des objectifs précis pour les entreprises et un suivi pour les investisseurs.
Professionnaliser l’ESS. "Il faut être totalement transparent et expliquer clairement son projet", témoigne Laurent Laïk, directeur général de la Varappe, groupe d’entreprises d’insertion. L’objectif : produire un bilan consolidé, valoriser l’entreprise… Entre le monde du social et celui de l’économie, ce qui manque, estime Nicolas Celier, investisseur en capital-risque, c’est "l’accompagnement" et le "réseau business".
Développer les statistiques. "On ne sait pas grand-chose du business model des entreprises de l’ESS ou la manière dont elles se financent", estime Frédéric Tiberghien, président de la Commission financements des entreprises de l’ESS. "On sous-estime la place centrale des bilans en France, renchérit Jean-Louis Bancel. Cela a beaucoup d’importance pour les banquiers."
Renforcer ses fonds propres. Éviter l’endettement et engager des fonds propres pour faciliter le développement de l’entreprise. L’un des leviers : l’économie du don. "Un des plus beau fonds propres", estime Jean-Louis Bancel. Le crowfunding reste une des solutions. Deuxième étape : s’adresser à des fonds d’investissements spécialisés dans l’ESS. Troisième : s’ouvrir aux investisseurs privés généralistes.
Acteur majeur du développement des entreprises de l'ESS, la BPI (Banque publique d'investissement) se veut rassurante. Selon son directeur exécutif Pascal Lagarde, ses investissements dans l'économie sociale et solidaire ont augmenté de 120% entre 2012 et 2015. "La sphère ESS a quasiment doublé dans l'activité globale, précise-t-il. L'offre générale est celle que nous développons le plus. C'est rassurant, cela montre que les produits de financement s'adaptent."