Publié le 27 juillet 2017
SOCIAL
Robot sexuel programmé pour être violé : Quelle responsabilité sociétale du fabricant ?
L'entreprise américaine True Companion a conçu un robot sexuel nommé Roxxy programmé pour résister aux attouchements. Pour la Fondation de la robotique responsable, ce modèle participe à la banalisation du viol et met en exergue les dérives du secteur.

ROBYN BECK / AFP
Elle s’appelle Roxxy. Ce robot sexuel est commercialisé par l’entreprise américaine True Companion, spécialiste du secteur. Vendu environ 10 000 dollars, cet humanoïde utilisé comme sextoy possède plusieurs personnalités, dont une appelée "Frigid Farrah". Elle est décrite comme "réservée et timide" et programmée pour résister à des attouchements. "Si vous touchez ses parties intimes, il est plus que probable qu’elle n’appréciera pas vos avances", note le fabricant, qui a depuis retiré cette phrase de la description du produit.
Pour Laura Bates, féministe aux États-Unis, l’absence de "consentement" du robot revient à simuler un viol. Dans une tribune, publiée dans le New York Times, elle rappelle que le "viol n’est pas un acte ou une passion sexuelle. C’est un crime violent", et de poursuivre : "On ne devrait plus encourager les violeurs à trouver de supposés exutoires sûrs. Ou alors nous devrions aussi aider les meurtriers en leur donnant des mannequins réalistes et couverts de sang à poignarder".
True Companion nie les accusations
Devant le tollé provoqué par ce nouveau robot, True Companion a publié un communiqué dans lequel il nie les accusations et dénonce des extrapolations. "Notre robot n’est pas programmé pour participer scénarios de viol", affirme-t-il, "Frigide Farrah donne son avis ou son ressenti, comme n’importe quelle personne lors d’un rencard".
En juillet, la Fondation pour une robotique responsable mettait en garde contre de possibles dérives de ces nouveaux robots sexuels. Elle notait, dans un rapport, que les robots présentés comme frigides participaient à la culture du viol. "L’idée, c’est que des robots résisteraient à vos avances sexuelles donc que vous pourriez les violer".
"Imagine-t-on laisser un raciste abuser d'un robot de couleur?"
Le robot Roxxy possède une autre personnalité nommée Yoko Young, accusée cette fois de participer à la pédophilie car "Elle est, oh, tellement jeune (à peine 18 ans) et attend que vous lui donniez des cours", décrit True Companion. D'aucuns y voient la possibilité pour des pédophiles d'avoir un exutoire à leur déviance.
"Traiter les pédophiles avec des robots sexuels est une idée douteuse et répugnante. Imaginez traiter le racisme en laissant un xénophobe abuser d’un robot de couleur. Cela fonctionnerait ? Probablement pas", estime Patrick Lin, professeur de philosophie et de robot éthique.
Marina Fabre @fabre_marina