Publié le 22 juin 2018
SOCIAL
Facebook, Tesla, Microsoft... comment les entreprises américaines ont fait plier Trump sur les migrants mexicains
Les géants de la Tech, associés à la Chambre du commerce des États-Unis, un des plus gros groupes de pression à Washington, ont dénoncé publiquement la politique de Donald Trump sur la séparation des enfants immigrés de leurs parents à la frontière mexicaine. Face à la fronde, pour la première fois depuis son élection, le Président a fait volte-face.
@DavidBenaug by CBP
Donald Trump a fait marche arrière. Le Président des États-Unis a signé mercredi 20 juin un décret annulant une des mesures les plus controversées de sa politique migratoire. Depuis le début du mois de mai, 2 300 enfants ont été séparés de leurs parents après avoir été arrêtés à la frontière avec le Mexique. C’est Donald Trump lui-même qui en avait donné l’ordre. Le 21 juin, il a finalement changé de stratégie : "Nous allons garder les familles ensemble, mais la fermeté aux frontières restera la même", a-t-il finalement annoncé.
Derrière la mobilisation citoyenne et celle des First Ladies - de Michelle Obama à Melania Trump -, ce sont les entreprises américaines qui ont pesé de tout leur poids pour pousser l’ancien homme d’affaires à revenir sur ses positions. La Chambre de commerce des États-Unis, "l’un des plus grands groupes de lobbying des affaires à Washington" selon le Financial Times, a demandé au gouvernement de stopper "immédiatement" cette politique.
Des poids lourds de l’économie américaine contre Trump
"Les décideurs à Washington ont l’habitude d’entendre la Chambre s’exprimer sur l’économie de certaines politiques. Mais la politique publique est souvent le reflet des valeurs d’une nation", écrit le Président de la Chambre Thomas J. Donohue dans un communiqué.
"Une nation aussi grande, généreuse et compatissante que les États-Unis peut trouver un moyen d’empêcher la séparation des enfants de leurs parents à la frontière. Si nous ne pouvons pas nous entendre là-dessus, nous ne pouvons-nous entendre sur quoi que ce soit", prévient-il. La Chambre a été suivie par un autre groupe de pression, le Business Roundtable, qui représente des poids lourds comme General Motors, JPMorgan, Mastercard ou Walmart.
Microsoft poussé par ses salariés
Les géants de la tech (Facebook, Uber, Airbnb...) se sont particulièrement illustrés dans ce combat, souvent poussés par leurs salariés. C’est notamment le cas de Microsoft. Dans une lettre publiée sur le forum interne du groupe, une centaine d’employés ont dénoncé les liens entre Microsoft et la politique de Donald Trump. Le groupe aurait signé un contrat de 19,4 millions de dollars avec le bureau de l’immigration et des douanes pour le traitement des données et des systèmes de reconnaissance faciales.
"Nous pensons que Microsoft doit adopter une position éthique et placer les enfants et les familles au-dessus des profits", écrivent les salariés. "Nous refusons d’être complices. Nous faisons partie d’un mouvement en pleine croissance, composé de nombreux acteurs de l’industrie qui reconnaissent la grave responsabilité de ceux qui créent une technologie puissante pour s’assurer que ce qu’ils construisent est utilisé pour le bien et non pour le mal".
Répondant à la demande de ses salariés, Microsoft a publié une note qualifiant de "cruelle et abusive" la politique d’immigration. Une communication trop frileuse au goût de certains salariés qui demandent à Microsoft d’intégrer dans sa politique des clauses d’exclusion si un de ses contrats contrevient au droit international des droits humains.
Première fois que Trump fait volte-face
C’est la première fois que le Président américain fait volte-face sur un de ses sujets phares de campagne. Les entreprises s’étaient pourtant mobilisées sur d’autres mesures, mais sans jamais obtenir gain de cause. D’abord sur son décret anti-immigration qui interdit à six pays en majorité musulmans l’accès au territoire américain, ainsi que sur la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris. Un combat qui laisse un goût amer à Elon Musk.
Le PDG de Tesla faisait partie du comité consultatif créé par Donald Trump sur le sujet. "Je ne pouvais pas garder les États-Unis dans l’Accord de Paris, mais s’il y a un moyen pour moi d’aider ces enfants, je vais le faire", a-t-il tweeté.
I couldn’t even keep the US in the Paris Accord, but if there is some way for me to help these kids I will do so
— Elon Musk (@elonmusk) 19 juin 2018
Marina Fabre @fabre_marina