Publié le 21 mars 2017

SOCIAL

Droits humains: une notation publique pour 100 multinationales

La première évaluation publique sur le respect des droits humains par les entreprises est disponible. Cette notation est le fruit d’un travail collaboratif de deux ans entre investisseurs responsables et organisations spécialisées. Elle a été lancée en grande pompe à Londres le 13 mars. Objectif : inciter les multinationales à avoir de bons scores sur le respect des droits humains.

Le calcul des scores se fait à partir d’une analyse méthodique des documents publics ayant trait au travail des enfants, au travail forcé, à la liberté syndicale, à la santé et à la sécurité, aux droits des femmes et des populations locales...
Zakir Hossain Chowdhury / NurPhoto / AFP

Dans le secteur textile, minier ou agroalimentaire, on peut désormais accéder aux notes d'une centaine de multinationales concernant le respect des droits humains dans l’ensemble de leur chaîne de sous-traitance. Cette évaluation publique est accessible sur le site www.corporatebenchmark.org. Son nom de code : CHRB pour Corporate Human Rights Benchmark. 

 

Une moyenne faible pour des sujets cruciaux

 

Premier constat : la moyenne est plutôt faible. 63 de ces compagnies parmi les plus importantes dans le monde ont moins de 30% des points. Le calcul des scores se fait à partir d’une analyse méthodique des documents publics ayant trait au travail des enfants, au travail forcé, à la liberté syndicale, à la santé et à la sécurité, aux droits des femmes et des populations locales...  

Second constat : seule une demi-douzaine d’entreprises enregistre de vrais bons résultats (plus de 60% des points). Souvent parce qu’elles ont connu des crises importantes sur le sujet. Il s’agit de BHP Billiton, Marks & Spencer Group, Rio Tinto, Nestlé, Adidas et Unilever. 

 

Un outil de marché pour les investisseurs

 

Reste maintenant à faire de ce comparatif un outil de marché utilisé par les investisseurs pour exercer une pression sur les entreprises, afin qu’elles améliorent leur score et donc leurs pratiques. Ils sont déjà 85 pesant 5 300 milliards de dollars à soutenir le projet, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que cet outil permette, in fine, d’améliorer les pratiques sociales des multinationales partout dans le monde. 

Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, a interpellé le public qui assistait au lancement du CHRB : "Nous constatons que la grande majorité des multinationales, y compris celles qui ont un bon score, sont encore loin de déployer des processus de contrôle qui permettent la vigilance sur les droits humains partout dans le monde. La loi française sur le devoir de vigilance adoptée en février (mais qui doit encore être validée par le Conseil constitutionnel) les y encourage, mais il faudrait l’étendre. La notation du CHRB est un bon début pour remettre en cause un modèle basé sur une absence de respect systématique des droits humains et humaniser les multinationales."

Prochain rendez-vous en septembre 2018 avec la seconde vague de notation, qui permettra de savoir si le comparatif a produit des résultats sur les entreprises évaluées.

Anne-Catherine Husson-Traore
© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

Pour aller plus loin

Le respect des droits humains, "crucial pour l’avenir de la mondialisation"

Alors que l’Assemblée nationale vient d’adopter définitivement la loi sur le devoir de vigilance des entreprises, une étude de Vigeo-Eiris montre qu’au niveau mondial, peu d’entre elles s’engagent activement dans l’identification et la prévention des risques en matière de droits humains....

Devoir de vigilance : la loi définitivement adoptée

Les députés ont définitivement adopté cet après-midi la loi sur le devoir de vigilance des multinationales. Un texte qui a suscité une vive opposition au sein du patronat et de la droite. Qu’est-ce que cette loi change pour les entreprises concernées ? Novethic fait le point. 

Devoir de vigilance : ce qui sera demandé aux entreprises

Dans la version adoptée en 3ème lecture par l’Assemblée nationale, les députés ont précisé ce qu’ils attendaient des entreprises pour qu’elles assurent un devoir de vigilance sur leur chaîne d’approvisionnement. 

Sous-traitance : le Sénat renonce à sanctionner les multinationales

La proposition de loi sur le devoir de vigilance a été examinée en seconde lecture par les sénateurs. Mais c’est une version fortement modifiée qui a été adoptée par la majorité de droite qui compose le Sénat. Celle-ci se cantonne à une obligation de transparence et supprime toute idée de...

Responsabilité des entreprises : les grandes références internationales

Les textes internationaux se sont multipliés au cours des dernières années pour affirmer que les entreprises doivent respecter les droits humains. La plupart de ces instruments ne sont pas contraignants mais les États et la société civile peuvent s’appuyer dessus pour inciter les...

SOCIAL

Droits humains

Le respect des droits humains par les entreprises est devenu crucial pour les investisseurs ou les ONG. Elles dénoncent les violations commises contre des peuples autochtones ou les communautés locales ce qui peut compromettre de nombreux projets, en particulier dans le secteur extractif.

Lena situations LOIC VENANCE AFP

Politisation des influenceurs : le tournant de la réforme des retraites

Fini la célèbre neutralité des influenceurs lifestyle ou mode ? Depuis l'annonce du 49.3, les stars des réseaux sociaux prennent position contre la réforme des retraites. Habituellement lisses et fuyant les sujets politiques, leur engagement marque une rupture. Mais attention à ne pas se brûler les...

Greve feministe journee internationale droits des femmes LIONEL BONAVENTURE AFP

"Le féminisme capitalismo-compatible mène au profit, pas à l'égalité", selon Sandrine Holin

Index de l'égalité, formation à la "confiance en soi", coaching pour booster sa carrière... les entreprises rivalisent de méthodes pour tendre vers l'égalité de genre. Mais un féminisme capitalismo-compatible qui sert les profits ne peut pas "briser le plafond de verre", dénonce Sandrine Holin dans...

Bamako Mali Russie milice Wagner Florent Vergnes AFP

Guerre hybride russe en Afrique : un front de propagande ouvert sur les réseaux sociaux (3/3)

La guerre de Poutine en Ukraine a permis de mesurer que les règles de la guerre avaient changé ou plutôt qu’elles étaient pulvérisées dans un monde de communication globale digitalisée. Si depuis un an les victimes ukrainiennes sont aussi bien civiles que militaires, l’affrontement se déroule aussi...

Bamako Mali Russie milice Wagner Florent Vergnes AFP

Guerre hybride russe en Afrique : un front de propagande ouvert sur les réseaux sociaux (3/3)

La guerre de Poutine en Ukraine a permis de mesurer que les règles de la guerre avaient changé ou plutôt qu’elles étaient pulvérisées dans un monde de communication globale digitalisée. Si depuis un an les victimes ukrainiennes sont aussi bien civiles que militaires, l’affrontement se déroule aussi...