Publié le 19 février 2020
SOCIAL
[Municipales] Le (mal) logement, une urgence sociale et écologique
La question du mal-logement est un des problèmes majeurs dans nos territoires et pourtant, selon la Fondation Abbé Pierre, elle est encore peu présente dans la campagne des municipales. Du gel des loyers aux logements à prix réduit en passant par les habitats participatifs, sans oublier la rénovation énergétique qui pèse sur les bourses des plus modestes... les candidats tentent de rattraper leur retard. Voici le septième épisode de notre série dédiée aux enjeux écologiques des élections municipales de 2020.

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C’est un drame qui a marqué les Français. Le 5 novembre 2018, plusieurs immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille s’effondrent provoquant la mort de huit personnes. Le problème des logements insalubres ressurgit, l’espace d’un instant, dans le débat public. Mais en pleine campagne des municipales, alors que 12 millions de Français sont en "situation de fragilité par rapport au logement", le sujet est de nouveau absent, remarque la Fondation Abbé Pierre. "En caricaturant un peu, on a l’impression aujourd’hui que c’est à qui plantera le plus d’arbres dans Marseille. (…) Quand il y a des immeubles qui s’écroulent sur la tête des gens, et qu’on affronte autant de déficits, voilà vraiment l’enjeu principal", s’agace auprès de 20 minutes Florent Houdmon, directeur de l’agence Paca de la fondation Abbé Pierre (FAP).
La fondation a publié plusieurs pistes pour aider les élus à prendre à bras-le-corps le sujet du mal-logement. La politique du Logement d’abord par exemple consiste à proposer directement et sans condition un vrai logement. Celle de la résorption des bidonvilles vise à reloger plutôt qu’expulser. À Paris, où le foncier atteint des prix affolants, les candidats rivalisent de propositions pour rendre le logement plus abordable. David Belliard (EELV) et Danielle Simonnet (LFI) veulent geler les loyers pendant cinq ans. Anne Hidalgo (PS) entend proposer 30 000 logements à des loyers de 20 % inférieurs à ceux du parc privé quand Benjamin Griveaux (LREM), remplacé au pied levé par Agnès Buzyn misait sur les classes moyennes, tout comme Rachida Dati (LR) qui envisage une aide de 1 200 euros par an pour les familles de classes moyennes.
L'habitat participatif, un modèle d'entraide
Pour renforcer encore le volet social, plusieurs municipalités misent sur l’habitat participatif. Une manière pour le citoyen de réinvestir son immeuble, son quartier, sa ville. À Vitry-sur-Seine, dans le Val de Marne, la municipalité a lancé les premières réunions sur l’habitat participatif, "une alternative à l’accession classique plus économique et plus durable". Elle permet à des habitants aux revenus modestes de devenir propriétaires en participant à la conception de leur futur logement pour un montant 20 % inférieur au prix normal.
Ce type de logement est encore marginal mais il permet de "rompre avec l’individualisme et le rôle passif du consommateur de logement, il génère des liens sociaux et de l’entraide", rapportent les auteurs d’un livre blanc sur le sujet. Cela permet par exemple de créer des salles communes à l’intérieur d’un immeuble ou bien de racheter d’anciens bâtis comme ces douze familles qui ont racheté l’ancien château d’un marquis dans le Gers pour expérimenter la vie en habitat participatif.
Les passoires thermiques, un budget important pour les plus modestes
Le mal logement est aussi une question environnementale puisque les passoires thermiques, ces bâtiments qui laissent échapper la chaleur, coûte cher en chauffage et / ou climatisation pour les familles les plus modestes. Elles sont au cœur des programmes de rénovation thermique des bâtiments qui concerne les villes au premier chef. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) cite ainsi cette ville de Bourgogne-Franche-Comté qui propose un abattement sur le montant de la taxe d’habitations aux propriétaires qui réhabilitent leur logement. En Bretagne, une commune a créé un service public de la rénovation énergétique pour accélérer la réhabilitation des maisons individuelles.
Dernière dimension : la rénovation du bâti ancien a plusieurs bénéfices environnementaux dont celui de limiter l’artificialisation des sols et la pollution liée aux constructions neuves, un sujet que voudrait faire monter les militants écologistes qui ont bloqué, en ce début de semaine, plusieurs sites du cimentier LafargeHolcim pour dénoncer la pollution du BTP.
Marina Fabre, @fabre_marina