Publié le 10 avril 2019
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Coupe du monde 2022 : Vinci passe l’épreuve de l’audit haut la main
Visé par une seconde plainte pour travail forcé sur les chantiers de la Coupe du monde 2022 au Qatar, Vinci entend bien démontrer qu’il a appris de ses erreurs et que la situation sur place évolue vers de meilleurs standards. Le groupe a dévoilé les résultats d’un premier audit mené par la fédération syndicale mondiale du bâtiment (IBB) et des représentants syndicaux français.

@QDVC
C’est presque un sans faute pour le géant du bâtiment. La fédération syndicale mondiale du bâtiment (IBB) a réalisé, les 8 et 9 janvier derniers, le premier audit (1) sur site des activités de Qatari Diar Vinci Construction (QDVC), filiale de Vinci au Qatar. Et globalement, il n’y a pas de problème majeur. Le document note ainsi un "engagement fort de QDVC pour assurer la sécurité, la santé et le bien-être des travailleurs, que ces derniers soient des salariés en propre ou qu’ils dépendent de sous-traitants".
Une sacrée victoire pour le groupe, qui s’écharpe depuis quatre ans avec Sherpa sur des accusations de travail forcé. L’ONG a déposé une nouvelle plainte en novembre dernier contre la multinationale française aux côtés de six anciens employés qui racontent la confiscation des passeports à leur arrivée, le travail sous la chaleur écrasante, et les semaines de 70 heures. La première avait été classée sans suite en début d’année.
Crainte du chômage
L’audit a porté sur le chantier du métro de Lusail, la nouvelle ville construite spécialement pour la Coupe du monde 2022, et sur la base-vie des travailleurs. Ces-derniers ont pu être interrogés, ainsi que des représentants des salariés et des ambassadeurs de la sécurité en dehors de la présence de la direction, précise le rapport. Il apparaît que les salaires sont supérieurs au revenu minimum et que les conditions de travail sont globalement satisfaisantes.
"La principale préoccupation dont ils font état est la crainte du chômage étant donné le manque de perspectives commerciales correspondant au business modèle de QDVC", pointent les auditeurs, parmi lesquels des représentants syndicaux français. Parmi les pistes d’amélioration proposées, il y a une meilleure intégration du mécanisme de traitement des réclamations et une collaboration plus fréquente avec le comité des travailleurs.
Jean-Michel Gillet, secrétaire fédéral responsable de l’International à la FNCB-CFDT, se félicite de la coopération entre Vinci et l’IBB et de la création de ce comité de travailleurs, mais reste prudent dans son appréciation. "L’audit reflète une réalité observée sur une courte période, tempère-t-il, encore faut-il que cela se confirme dans la durée." Cet audit faisait suite à l’accord sur les droits des travailleurs signé entre Vinci, QDVC et l’IBB en 2017.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir le rapport ici.