Publié le 10 décembre 2019
SOCIAL
Au-delà des retraites, la France doit s’adapter au vieillissement de sa population
En 2050, selon l'Insee, quatre millions de seniors seront en perte d'autonomie dans l'Hexagone. Si c'est un enjeu important pour les retraites, c'est aussi une question d'adaptation de nombreux secteurs, à commencer par celui des Ehpad dont le coût est en moyenne 30 % plus que cher que la retraite des seniors. Les aides à domicile appellent à un New Deal du grand âge.

©CC0
La population française vieillit. Selon l’Insee, l’Hexagone comptera 4 millions de seniors en perte d’autonomie en 2050, c’est 60 % de plus que le dernier recensement de 2015 faisant état de 2,5 millions de personnes de plus de 60 ans en perte d’autonomie. Dans quelques semaines, le gouvernement doit dévoiler une loi sur la prise en charge du grand âge. La problématique n'est pas simple car elle a un impact majeur sur le système de santé, sur l'économie ou encore sur les vies des aidants.
- Un New Deal du Grand âge
C’est un enjeu économique majeur. La baisse de natalité et le déséquilibre entre population active et personnes âgées peu autonomes liées à la hausse de l’espérance de vie pèsent sur les finances publiques. Selon un rapport de la société Facilien qui "accompagne les professionnels du bien vieillir", les dépenses de la sécurité sociale au facteur vieillesse ont augmenté de 22 % pour atteindre 211 millions d’euros en 2018.
Adessadomicile, une fédération à but non lucratif de 400 associations et organismes œuvrant dans l’aide à domicile, demande un New Deal. Elle recommande un plan de 3,7 milliards d’euros, qui rapporterait tout autant. La fédération recommande de privilégier la prévention. Par exemple, des ateliers de prévention aux chutes "contribueraient à 4,5 millions d’euros d’économies en réduisant de 8,8 % le nombre de passages des seniors aux urgences et à 137,7 millions de moins recours à l’hospitalisation", note le Parisien.
Plus globalement il s’agit d’améliorer la qualité de vie des seniors restés chez eux et de repousser leur entrée en Ehpad de plus de neuf mois, soit un gain économique de 3,5 milliards d’euros par an.
- Des Ehpad trop chers pour les plus personnes modestes
"Le prix d’un Ehpad est 30 % plus cher que la retraite moyenne des séniors". Voilà comment le Figaro résume la terrible situation des personnes âgées dépendantes en France. Selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), le coût moyen d’un Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendante) est de 1977 euros par mois, auquel il faut ajouter un tarif "GIR" lié au niveau de dépendance.
Or selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le revenu moyen des retraités est de 1 461 euros nets par mois. En mars 2018, le rapport Libault dédié au Grand âge et à l’autonomie avait justement recommandé une baisse à charge mensuelle de 300 euros en établissement pour les personnes modestes gagnant entre 1000 et 1600 euros par mois.
- La crise de vocation des métiers du grand âge
Ce sont des métiers d’avenir et pourtant les professions d’aide-soignant et accompagnant éducatif et social sont en crise. En six ans les candidatures aux concours d’accès à ces deux métiers ont baissé de 25 %. En cause : la faible rémunération de ces professions qui démarre au SMIC, avec une faible progression au cours de la carrière. Au final, selon le rapport El Khomri publié en octobre dernier, on compte 17,5 % de ménages pauvres parmi les intervenants à domicile contre 6,5 % en moyenne pour l’ensemble des salariés. L’urgence est donc de revaloriser les rémunérations, estime le rapport. Il préconise un plan de 825 millions par an.
De plus, un congé pour les proches aidants sera effectif à partir du mois d’octobre 2020. Ce congé fractionnable aura une période de trois mois, renouvelable jusqu'à une durée maximum d'un an pendant la vie du salarié.
Marina Fabre, @fabre_marina