Publié le 01 novembre 2023

SOCIAL

La grève historique chez Ford, Stellantis et General Motors mène à une augmentation de 25% des salaires

La grève des ouvriers a payé. Des accords qualifiés d'"historiques" par le président américain Joe Biden ont été signés avec les trois principaux constructeurs automobiles, Stellantis, Ford et General Motors. Les salariés ont obtenu une hausse des salaires progressive de 25%, une première depuis la crise de 2008.

Greve etats unis automobile
La grève dans les usines d'assemblage et les centres de distribution de Ford, Stellantis et General Motors, initiée le 15 septembre, a duré plus d'un mois.
@Patrick T. Fallon / AFP

Après plus d'un mois de grève, les "Big Three" ont plié. Les trois principaux constructeurs automobiles américains, Ford, Stellantis et General Motors, ont signé de nouveaux accords de principe avec le syndicat de l'industrie automobile United auto workers (UAW). Joe Biden, le président des États-Unis, a qualifié cette entente d'"historique". "Ces accords records récompensent les ouvriers de l'industrie automobile qui ont fait beaucoup de sacrifices pour que le secteur continue à fonctionner", a-t-il déclaré en faisant référence à la crise de 2008.

L'accord de principe, qui doit encore être validé par les représentants syndicaux locaux aux États-Unis, engage les trois constructeurs à une hausse des salaires de 25% étalée jusqu'en avril 2028, avec une augmentation plus importante pour les bas salaires. Un mécanisme d'ajustement des salaires au coût de la vie, perdu en 2008, s'y ajoute. Selon l'UAW, les sommes mises sur la table seraient quatre fois plus élevées que celles négociées lors du précédent accord en 2019.

"Il est devenu clair à la suite de le Covid-19 que les salaires et les avantages sociaux dans l’ensemble de l’économie américaine devraient augmenter en raison de l’inflation et d’autres facteurs", a déclaré General Motors dans une lettre aux actionnaires. "C'est une offre qui récompense les membres de notre équipe mais ne met pas en danger notre entreprise et leurs emplois", poursuit-il. De son côté, Ford appelle ses 20 000 employés à revenir au travail et se prépare à la relance des usines du Kentucky, du Michigan et de Chicago. 

250 milliards de dollars de profits

Ces accords restent toutefois en-deçà de la hausse de 40% demandée par l'UAW au début des négociations, jugée comparable à celle des dirigeants alors que les salariés demandent une meilleure répartition des profits. Selon l'Economic Policy Institute, un groupe de réflexion américain, les profits des "Big Three" ont grimpé de 92% entre 2013 et 2022, atteignant 250 milliards de dollars. Des projections pour 2023 estiment 32 milliards de profits supplémentaires. 

Dans le même temps, la rémunération des ouvriers s'est dégradée. Selon le même institut, le salaire horaire réel des ouvriers automobiles a baissé de 19,3% depuis la crise de 2008. L'inflation, qui a grimpé de 8 % en 2022, pèse également sur le pouvoir d'achat des Américains. Pour cette raison, les salariés de l'usine du fabricant de camions Mack Trucks appartenant à Volvo Group, aussi gagnés par la grève, ont refusé le 9 octobre un accord proposé avec une hausse de 19% des salaires. Depuis, le mouvement social continue dans cette usine.

Maintenir les emplois dans le passage à l'électrique

Alors que la compétition fait rage entre les "Big Three" et le constructeur Tesla pour gagner des parts de marché dans la transition vers l'électrique, de nombreux emplois pourraient être supprimés. Dans ce contexte, l'accord négocié avec Stellantis engage aussi à maintenir 5000 emplois menacés et à en créer 5000 nouveaux, affirme l'UAW. Le groupe propose de réouvrir l'usine de Belvidere dans l'Illinois, mise à l'arrêt en février 2023. Un nouveau modèle de voiture devra y être construit et une usine de batteries neuves devrait voir le jour.

L'UAW espère que ces nouveaux accords vont encourager les salariés des autres constructeurs à se syndiquer. "L'un de nos principaux objectifs est de nous organiser comme nous ne l'avons jamais fait. Quand nous retournerons à la table des négociations en 2028, ce ne sera pas seulement les Big Three, mais les Big Five ou Big Six", a déclaré Shawn Fain, le président de l'UAW, après avoir conclu le premier accord avec Ford.

Fanny Breuneval


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Droits humains

Le respect des droits humains par les entreprises est devenu crucial pour les investisseurs ou les ONG. Elles dénoncent les violations commises contre des peuples autochtones ou les communautés locales ce qui peut compromettre de nombreux projets, en particulier dans le secteur extractif.

COP28 Manifestation KonradSkotnicki

COP28 : privée de Marche pour le climat, la société civile mise au ban

Une COP très silencieuse. Alors qu’il ne reste que quatre jours aux États pour trouver un accord ambitieux pour le climat, la société civile peine à se faire entendre. Pour la seconde année consécutive, il n'y aura pas de grande marche dans la ville du sommet. À la place se tiendra une manifestation...

La poste devoir de vigilance STEPHANE DE SAKUTIN AFP

Condamnation de La Poste sur son devoir de vigilance : "C'est le début d'une nouvelle ère"

La Poste devient un symbole. Le groupe vient d'être condamné par le tribunal de Paris à améliorer son devoir de vigilance dans un dossier concernant des travailleurs sans-papiers chez ses filiales Chronopost et DPD. Une première judiciaire qui pourrait faire jurisprudence alors que de nombreuses...

Shein pop up store CHRISTOPHE ARCHAMBAULT AFP

Shein : le géant de l'ultra-fast fashion déstabilisé par une enquête sur des violations de droits humains et environnementaux

Illustration du "pire de l’industrie de la mode", Shein est au cœur des critiques. Visé par une campagne contre la fast fashion à l’occasion du Black Friday, le géant de l’e-commerce fait également l’objet d’une procédure lancée par la cellule française de l’OCDE. Cette dernière devra enquêter sur...

Tuvalu TORSTEN BLACKWOOD AFP

Le Tuvalu, menacé de disparaître sous les eaux, obtient l'asile climatique

L'Australie accorde officiellement l'asile climatique au Tuvalu, archipel du Pacifique menacé de disparaître sous les eaux avant la fin du siècle. Cette première mondiale est un soulagement pour les habitants. Mais l'accord n'efface pas la responsabilité de l'Australie, grand producteur d'énergies...