Publié le 30 juin 2020
SOCIAL
Un rapport parlementaire veut conditionner les aides à la presse au respect de l’égalité femmes-hommes
Les femmes, qui représentent la majorité de la population, sont largement sous-représentées dans les médias en tant qu'expertes. Le Covid-19 a même accentué cette tendance avec seulement 9 % d'expertes dans les JT de France 2 et France 3 en mars. Face à la situation, un pré-rapport parlementaire préconise de conditionner les aides à la presse au respect de l'égalité entre les femmes et les hommes.

La députée Céline Calvez a été missionnée par la ministre Marlène Schiappa pour faire un état des lieux et des propositions sur l'égalité dans les médias.
C’est une image qui a déclenché un tollé sur les réseaux sociaux. En plein confinement, le 5 avril, le Parisien dévoile une Une avec quatre hommes en photo imaginant "le monde d’après". Face à l’absence de femmes, les critiques fusent jusqu’à atteindre Marlène Schiappa. La secrétaire d’État à l'égalité décide alors de missionner la députée des Hauts-de-Seine LREM Céline Calvez pour "formuler des propositions s'assurant de la représentativité" des femmes dans la presse.
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— Le Parisien (@le_Parisien) April 4, 2020
"Exclure les femmes (...) est injustifiable"
Le 23 juin, la députée a présenté un rapport d’étape après avoir auditionné plus de 150 spécialistes du monde des médias. Premier constat : alors que les femmes sont, de manière générale, sous-représentées dans la presse, le Covid-19 a accéléré leur invisibilisation. Le rapport note par exemple que dans les journaux télévisés de France 2 et France 3, le nombre d’expertes a chuté de 40 % à 9 % au mois de mars. "Dès le début du confinement, j’ai alerté sur la place des femmes dans les médias en période de crise : l’égalité femmes-hommes ne doit pas être la variable d’ajustement de la crise. Exclure les femmes des représentations et de la réflexion est injustifiable (…)", a fait valoir Marlène Schiappa.
Pour rétablir l’équilibre, le rapport propose de mettre en place "l’égaconditionnalité" des aides à la presse. Ces dernières ont été mises en place pour favoriser le pluralisme dans le paysage médiatique. Elles s'élèvent à environ 260 millions d'euros par an. Elles seraient conditionnées au respect de la parité entre les femmes et les hommes. Pour l’instant, la question de sa mise en œuvre demeure. Plusieurs pistes ont été évoquées comme le développement d’un bonus/malus, un système d’incitation ou de contrainte… Rien n’est encore défini. L’issue dépendra notamment des discussions avec les syndicats.
Des freins à l'éga-conditionnalité
Mais cette idée pourrait rencontrer de multiples obstacles comme un "contexte économique difficile pour les médias ou encore la perception de cette éga-conditionnalité comme une entrave à la liberté de la presse", note Céline Calvez dans le média Les Nouvelles News. "Or le principe de l’éga-conditionnalité revêt un caractère incitatif ou contraignant de manière très variable. Nous souhaitons aborder le sujet à l’heure d’une réflexion plus globale sur le soutien à la filière Presse", ajoute-t-elle.
Parmi les autres recommandations du rapport, on note la création de poste de "gender editor" au sein des réactions pour veiller à la juste représentativité des femmes dans les contenus. Un poste que le New York Times a par exemple créé juste après l’affaire Weinstein. Concernant les expertes, "encore trop peu nombreuses sur les médias audiovisuels comme ceux de la presse écrite", le rapport préconise de déployer davantage le Guide des expertes dans les médias. Un outil gratuit pour les journalistes qui répertorie plus de 4 000 expertes.
Marina Fabre, @fabre_marina