Publié le 13 juillet 2017
SOCIAL
Femmes dans les conseils d’administration : le compte n’y est pas
Malgré la loi (et les lourdes sanctions) imposant un quota minimum de 40% de femmes dans les conseils d’administration, beaucoup d’entreprises ne sont pas dans les clous. La secrétaire d’État chargée de l’égalité, Marlène Schiappa, pourrait bien dégainer l’arme du "name and shame" qui consiste à divulguer le nom des entreprises les moins vertueuses.

Depuis le 1er janvier 2017, les conseils d’administrations (CA) de toutes les entreprises de plus de 500 salariés et dont le chiffre d’affaires atteint au minimum 50 millions d’euros doivent théoriquement compter au moins 40% de femmes. Pour les plus grandes entreprises, celles du SBF 120, l’objectif est plus qu’atteint. Elles atteignent depuis 2017 41,5% de femmes dans les CA, selon les chiffres fournis par le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes. Pour les autres, ce taux est plus difficile à atteindre.
Selon une nouvelle étude publiée par l’AFECA (Association des Femmes experts-comptables), il manquerait 493 femmes dans les conseils d’administration des sociétés françaises cotées. 625 grosses entreprises ont été passées au crible. Les big caps, celles qui possèdent une capitalisation supérieure à 1 milliard d’euros, s’approchent des 35% de femmes. Mais plus la capitalisation baisse, moins les femmes sont présentes. Les mid caps (entre 250 millions et 1 milliard) comptent 30,6% de femmes et les small caps (moins de 250 millions) sont à 28,3%. Dans les sociétés non cotées, la proportion de femmes tombe à 15%.
15% de femmes seulement dans les sociétés non cotées
Ces entreprises sont susceptibles de subir des sanctions. Elles sont loin d’être symboliques : suspension du versement des jetons de présence de tous les administrateurs et invalidation de toute nouvelle nomination. Pour cela, encore faudrait-il qu’un suivi soit réalisé et qu’une autorité de contrôle soit créée, se désolent, dans une tribune au Monde, les avocates Stéphanie Dujardin, Valence Borgia et la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert.
Lucille Desjonquères, créatrice de "Femmes au Cœur des Conseils", directrice générale de Leyders Associates, pointe un "machisme transgénérationnel", une "résistance culturelle" mais aussi une "méconnaissance des sanctions".
Le gouvernement mise sur le name and shame
Pour y faire face, la nouvelle secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, mise sur le "name and shame". Cette méthode consiste à nommer et dénoncer des entreprises peu vertueuses. "On agit sur la réputation des entreprises pour faire bouger les lignes", expliquait Marlène Schiappa à Novethic en mai dernier. Le "name and shame" pourrait ainsi être employé contre les entreprises ne respectant pas l’égalité femmes-hommes de manière générale (pas seulement en matière de représentation dans les CA).
Les 10 plus mauvaises seront ainsi invitées par la secrétaire d’État à une journée de formation. "Nous faisons le pari que nous allons pouvoir les transformer en actrices et acteurs de l’égalité professionnelle", a réagi Marlène Schiappa au micro de France Inter. Celles qui "n’auront pas saisi cette forme de dernière chance de l’égalité" perdront leur anonymat et verront leur nom diffusé. Un enjeu réputationnel important. Suivant cette démarche, Myriam El Khomri, ancienne ministre du Travail, avait ainsi épinglé AccorHotels et Courtepaille pour un "risque élevé de discriminations à l’embauche".
Marina Fabre @fabre_marina