Publié le 15 février 2018
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Avec Black Panther, Marvel et Disney donnent une place à l’Afrique dans l’industrie hollywoodienne
Sa force est surhumaine, ses sens surdéveloppés, ses griffes déchirent le métal, son armure le rend presque invulnérable… Mais surtout, il est noir, africain et roi de la nation la plus avancée technologiquement au monde. C’est T’Challa, plus connu sous son nom de super-héros "Black Panther". Et il voit son premier film au cinéma cartonner au box-office mondial. Avec ce blockbuster, les studios Disney et Marvel mettent à l’honneur un continent quasiment invisible à Hollywood.

Disney
Pour les fans de comics, la sortie de Black Panther au cinéma, ce 14 février, est enfin l’occasion d’en savoir plus sur la vaste intrigue des pierres d’infinité, initiée par Marvel depuis 18 films. Mais pour beaucoup d’autres, ce long-métrage est un symbole du changement de représentation dans les blockbusters de superhéros qui ont envahi nos grands écrans depuis une dizaine d'années. Car le héros de Black Panther est le premier héros noir et africain porté à l’écran.
Son vrai nom est T’Challa. Il est roi du Wakanda. Ce pays imaginaire d’Afrique équatoriale est aux yeux du monde une petite nation en voie de développement. Mais pour les quelques initiés, c’est le pays le plus avancé technologiquement au monde. Il tient sa puissance d’une ressource minérale unique, le vibranium, aux propriétés physiques uniques (le bouclier de Captain America est en vibranium).
Né en 66 avec le Black Power
Ce héros est né en 1966, sorti de l’imagination des légendaires auteurs Stan Lee et Jack Kirby. Il coïncide avec l’apparition du mouvement Black Power et des Black Panthers aux États-Unis. Il a pourtant fallu attendre 52 ans pour que ce premier héros noir de l’histoire des comics ait son propre film sur grand écran. Les autres héros noirs apparus dans les opus précédents, comme War Machine (interprété par Don Cheadle), le Faucon (Anthony L. Macky) et Nick Fury (Samuel L. Jackson), n’étaient que des personnages secondaires. Quant à l’emblématique Luke Cage (Mike Colter), il a eu sa propre série en 2016 mais sur petit écran.
Mais surtout ces quatre personnages sont des Afro-Américains, alors que Black Panthers est un Africain. Et de plus, l’ensemble du casting fait la part belle à ce continent. "Il n'y avait pas beaucoup de super-héros qui me ressemblaient quand j'étais enfant" et Black Panther était "central dans l'univers Marvel. Il dirige le pays le plus riche, c'était aussi un physicien, avec une spiritualité très importante, une connexion forte avec ses ancêtres, ce qui est capital dans la culture africaine", témoigne Chadwick Boseman, l’interprète du superhéros.
Des observateurs aux États-Unis jugent que l’apparition en tête du box-office américain de ce personnage a autant d’impact que l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche… N’iraient-ils pas un peu trop loin ? Peut-être pas tant la vague de racisme qui a précédé la sortie de ce film a été forte. Preuve en est : le "Google Bombing" dont a été victime Allociné.
À la Une du Time
Sur Google, quand deux thématiques sont souvent co-citées, l’algorithme finit par les associer. Or, quelques jours avant la sortie française, les utilisateurs du site Internet spécialisé dans le cinéma Allociné ont eu la mauvaise surprise de voir que leurs recherches sur Black Panther les menaient tout droit vers la fiche du film "La Planète des Singes". Une anomalie que Google a rapidement rectifiée, mais qui témoigne d’un déferlement de comparaisons – malintentionnées – entre les deux œuvres.
La puissance de ce film est peut-être aussi à mesurer à l’aune de l’importance que lui a donné Le Time, l’un des plus importants hebdomadaires de la planète. Il a choisi de mettre Chadwick Boseman en couverture de son dernier numéro avec le titre: "le pouvoir révolutionnaire de Black Panther".
On peut noter également l’étonnante initiative "Help Children See Black Panther" (Aidez les enfants à voir Black Panther). Il s’agit d’une campagne de crowdfunding lancée par Fred Joseph, un consultant en marketing de New York. Son but est de réunir 10 000 dollars, afin de permettre au Club des garçons et filles d'Harlem à New York d'aller voir le dernier né de Marvel. Selon l’homme à l’origine du projet, il s’agit "d’une rare chance pour les jeunes élèves, surtout de couleur, de voir un personnage noir majeur au cinéma et issu des BD", rapporte l’AFP.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin