Publié le 04 février 2014
SOCIAL
Un tiers des salariés se dit victime de discrimination au travail
Le Défenseur des droits et l'organisation Internationale du travail (OIT) viennent de publier leur septième baromètre sur la perception des discriminations au travail. Si le genre et l'origine ethnique représentent encore les principaux critères de discrimination à l'embauche, la question de l'apparence physique fait une entrée remarquée cette année.

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Que ce soit dans le public ou dans le privé, le sentiment est le même : trois salariés sur dix estiment avoir été victimes de discrimination dans le cadre de leur travail, selon le dernier baromètre IFOP pour le Défenseur des Droits et l'OIT, rendu public le 3 février. Pire : seul un salarié sur deux n'a jamais été témoin de discrimination au travail.
Parmi les critères de discriminations cités par les victimes, le genre arrive en tête, cité par 29 % des victimes qui travaillent dans le public et 31 % de celles qui sont dans le privé. La grossesse et la maternité arrivent en seconde position (19% dans le public et 20 % dans le privé). Les salariés du privé citent ensuite l'origine ethnique (27 %) et leur nationalité (19 %) comme cause de la discrimination, tandis que l'apparence physique vient au troisième rang des critères pour les fonctionnaires.
Des inégalités dès l'embauche
Sur la question spécifique des discriminations lors de l'embauche, ce sont les femmes et les seniors qui, comme les années précédentes, sont les principales victimes : plus de 81 % des salariés jugent que le fait d' « être une femme » ou « être âgés de plus de 55 ans » sont des inconvénients pour obtenir un travail. Le troisième critère est plus nouveau : 63 % des fonctionnaires et 58 % des salariés du privé estiment qu'être une personne obèse est un obstacle à l'embauche. L'obésité fait une entrée en trombe dans le top trois avec une forte augmentation de + 7 points dans le public, et + 10 points dans le privé. « L'apparence physique, qui n'apparaissait même pas dans notre enquête il y a sept ans, est très présent cette année. Pourtant, l'obésité n'est pas un critère dans les chartes de diversité des entreprises, mais c'est bel et bien un critère d'exclusion », remarque Jean-François Trogrlic, directeur du bureau de l'OIT en France. Parmi les autres critères discriminants à l'embauche on retrouve le handicap (62 %), l'origine ou la nationalité étrangère (58 % dans le public, 50 % dans le privé), et enfin le fait d'habiter en zone urbaine sensible (53 % dans le public, 51 % dans le privé).
Des salariés trop souvent résignés
Malgré la persistance de toutes ces formes de discriminations, les victimes elles-mêmes peinent à réagir. Dans le public comme dans le privé, près de 4 salariés victimes de discrimination sur 10 n'ont entrepris aucune démarche. Selon le baromètre, cette inaction s'explique avant tout par la résignation des victimes. Cette tendance est tout particulièrement forte dans le public, où 75 % des victimes se disent résignées, soit une hausse de 33 points par rapport à l'an dernier. L'étude précise que cette inaction se retrouve majoritairement chez les jeunes de moins de 35 ans et chez les femmes du secteur privé. Quant aux victimes qui ont entrepris des démarches, elles ont essentiellement choisi d'en parler à leur supérieur hiérarchique ou à leur direction des ressources humaines. A noter qu'une très faible minorité (3 % des victimes du public et 1 % du privé) ont alerté le Défenseur des Droits...
Enfin, le sondage a questionné les salariés sur les mesures qu'ils jugent les plus efficaces pour lutter contre ces discriminations. Là, c'est l'instauration de procédures de recrutement fondées sur des critères objectifs qui sont largement plébiscitées par 79 % des fonctionnaires et 74 % des salariés du privé, notamment les recrutements par mise en situation. Parmi les autres mesures utiles, les salariés privilégient la possibilité d'alerter de manière confidentielle une pratique discriminatoire, les actions de sensibilisation et le dialogue social.
Méthodologie : Etude réalisée du 25 novembre au 12 décembre 2013 par téléphone auprès de 501 salariés du secteur privé et 500 agents de la fonction publique.