Publié le 17 août 2017

SOCIAL

Merck, Intel et Under Armour lâchent Donald Trump après ses déclarations sur Charlottesville

Les PDG de Merck, Under Armour et Intel, ainsi que les dirigeants de deux grands syndicats, ont annoncé ne plus vouloir conseiller Donald Trump sur sa politique industrielle. Cette décision fait suite à sa prise de position sur les émeutes de Charlottesville qui ont opposé l’extrême droite et des mouvements antiracistes. Suite à la mort d’une manifestante, Donald Trump a jugé qu’il y avait des responsabilités des deux côtés.

Donald Trump, et Kenneth Frazier, PDG de Merck, lors d'une conférence sur l'industrie américaine.
@AFP CNP/DPA

Plusieurs grands patrons de l’industrie américaine ont décidé de démissionner du conseil stratégique de l’industrie auprès de Donald Trump. Leur décision a été prise suite aux déclarations du chef de la Maison blanche au sujet des violences à Charlottesville (Virginie). Des manifestations opposant des suprémacistes blancs à des militants antiracistes ont entraîné la mort d’une jeune militante après qu’un homme d’extrême-droite ait lancé sa voiture dans la foule. Donald Trump a renvoyé les deux factions dos à dos en affirmant qu’il y avait des torts partagés.

Heurtés par ces déclarations, Kenneth Frazier, PDG de Merck, a pris la décision de se retirer de l’instance de conseil. Il s’en justifie dans un tweet : "Notre pays tire sa force de sa diversité (…) en tant que PDG de Merck et suivant ma conscience, il est de ma responsabilité de m’opposer à l’intolérance et à l’extrémisme".

 

Donald Trump ne s’est pas ému de cette attaque et a immédiatement répliqué sur le réseau social en affirmant : "Maintenant que Ken Frazier de Merck a démissionné du Conseil industriel, il aura plus de temps pour réduire les prix scandaleux des médicaments". Une hausse du ton qui n’a pas impressionné d’autres dirigeants américains.

 

Dans la foulée, c’est Kevin Planck, PDG de Under Armour, et Brian Kranich, PDG d’Intel, qui ont démissionné de cette instance. Kevin Planck assure qu’il va continuer à "s’efforcer de convaincre tout le monde qu’il est possible à travers le pouvoir du sport de promouvoir l’unité et la diversité". Mais il précise qu’Under Armour est engagé dans "l’innovation et le sport, pas dans la politique".

 

Ces grands patrons industriels ont inspiré les syndicats puisque deux d’entre eux se sont également retirés. D’une part, Richard Trumka, président de AFL-CIO (le plus grand syndicat américain), a déclaré : "Nous ne pouvons pas nous asseoir au sein d'un conseil avec un président qui tolère le sectarisme et le terrorisme national". Même réaction du côté de Scott Paul, président du syndicat professionnel Alliance for American Manufacturing, qui juge qu’il est juste de partir.

D’autres membres du conseil ont choisi de conserver leur place, mais ils ont tenu à se justifier. Doug McMillon, PDG de Walmart, estime que Trump a "raté une véritable occasion d'aider à rassembler le pays en rejetant clairement les actes répugnants des suprémacistes". Jeff Immelt, PDG de GE, condamne le drame de Charlottesville mais juge important de rester en place pour "stimuler la croissance et la productivité aux États-Unis". Larry Fink, président du gestionnaire d'actifs géant BlackRock, a décidé de rester pour "encourager la tolérance".

Déjà des départs pour l'Accord de Paris

Depuis sa prise de poste, le désamour grandit entre le résidant de la Maison blanche et le patronat américain. Déjà, lors de la décision de quitter l’Accord de Paris en juin dernier, l’initiative "We Are Still In" a vu 902 entreprises américaines annoncées qu’elles feraient tout pour que le pays respecte ses engagements climatiques quelles que soient les décisions de Washington. À cette occasion, Elon Musk, président de Tesla et SpaceX, ainsi que Robert Iger, PDG de Disney, annonçaient déjà leur refus de conseiller plus longtemps le Président des États-Unis.

Tous ces départs n’entament pas la confiance de Donald Trump. Sur Twitter, celui-ci a affirmé que "Pour chaque PDG qui quitte le Conseil, plein veulent prendre leur place. Les beaux parleurs n’auraient pas dû venir". Le 15 août, lors d’une conférence de presse, il a ajouté : "Ils ne prennent pas leur travail sérieusement en ce qui concerne le pays (…) certaines des personnes qui vont partir le font par gêne, parce qu’ils fabriquent leurs produits à l’étranger".

 

Ludovic Dupin (at)LudovicDupin


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