Publié le 11 août 2017

SOCIAL

En France, les footballeuses gagnent 625 fois moins que Neymar... quand elles sont payées !

402 millions d'euros. C'est le coût du transfert de Neymar du Barça au PSG. Un record dans le football masculin. Pour les femmes, il faudra attendre. Une nouvelle étude de la Fifpro, syndicat international des footballeurs, révèle que la moitié des joueuses ne sont pas payées par leur club et que 35% des footballeuses des équipes nationales ne reçoivent aucune rémunération pour représenter leur pays. En France, les meilleurs clubs paient leurs joueuses 4 000 euros, soit 625 fois moins que la star brésilienne.


Antonio Mesa / FFF

Il y a ceux comme Neymar, Messi, Ibrahimovic, Beckham et consorts qui brassent des millions d'euros... Et il y a les autres moins bien lotis. Les joueuses font partie de ce second groupe. La Fifpro, vient de publier, en partenariat avec l'université de Manchester, les premiers chiffres de l'étude "la plus importante jamais menée sur les conditions de travail dans le football féminin". Le syndicat international des footballeurs a questionné plus de 3 000 footballeuses de 33 pays différents.

En équipe nationale, 35% des joueuses ne reçoivent aucune compensation 

La moitié des joueuses ne sont pas payées par leur club. De même, plus d'un tiers (35 %) des joueuses des équipes nationales ne reçoit aucune rémunération pour représenter leur pays. "Notre recherche montre combien il est difficile pour les joueuses des équipes nationales de faire carrière dans le football", a commenté le secrétaire général de la Fifpro, Theo Van Seggelen. "Les joueuses qui consacrent des années de leur vie à atteindre le meilleur de leur jeu méritent une part plus juste des revenus du football", ajoute-t-il.

En France, la redistribution des recettes du football est également déséquilibrée. L'équipe de France féminine gagne 95 % de moins que l'équipe masculine ! La FFF, Fédération Française de Football, estime ainsi à 4 000 euros le salaire des joueuses dans les clubs les plus prestigieux contre un salaire moyen de 75 000 en première division pour leurs homologues masculins. Au PSG, Neymar va, pour sa part, toucher un salaire de 30 millions d'euros par an.

"On retombe sur le sexisme institutionnalisé depuis plus d'un siècle" 

Pour beaucoup, ces écarts se justifient tant les bénéfices générés par les footballeuses sont moindre par rapport à ceux des footballeurs. "À partir du moment où l'économie générée par les droits TV, de la billetterie, du sponsoring, du merchandising est insuffisamment développée, il est logique que le professionnalisme ait du mal à se mettre en place", argue Béatrice Barbusse, première femme à être devenue présidente d'un club professionnel sportif masculin.

"Mais la question essentielle est de savoir pourquoi cet état de fait concerne essentiellement les sportives. Et là on retombe sur le sexisme institutionnalisé depuis plus d'un siècle. C'est parce que les femmes n'ont pas eu pendant longtemps leur place dans le sport que le sport au féminin a du mal à se développer. On part avec tellement de retard...", regrette la sociologue du sport.

Les footballeuses américaines en grève contre les écarts de salaire

Mais pas partout. Aux États-Unis, les joueuses, championnes du monde en titre, ont rattrapé leur retard. Elles détiennent un palmarès bien plus impressionnant que l’équipe masculine. Elles assurent être le moteur économique de l’US Soccer, organisme régissant le football aux USA. En mars 2016, cinq des meilleures joueuses américaines avaient ainsi porté plainte contre l'US Soccer pour discrimination salariale. Elles ont parallèlement mené une campagne sous le mot-clé #EqualPlayEqualPay (à jeu égal, salaire égal).

Grâce à leur mobilisation, elles ont obtenu une augmentation de salaire de 30 %, de meilleurs bonus et de meilleures conditions de voyage. Certes, elles n’ont pas atteint l’égalité salariale mais ce nouvel accord "aura un impact positif sur notre équipe, mais également sur le long terme", a tweeté Alex Morgan, l’attaquante d'Orlando Prime. 

 

 

Marina Fabre @fabre_marina


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