Publié le 06 novembre 2018

SOCIAL

À 15h35, ce 6 novembre, les Françaises travaillent gratuitement

C'est le moment de quitter le travail en signe de protestation. À 15h35 ce mardi 6 novembre, les Françaises vont commencer à travailler gratuitement jusqu'à la fin de l'année. En cause, l'écart de rémunération de 15,2 % entre femmes et hommes. Le gouvernement donne trois ans aux entreprises pour être complètement égalitaires. Sinon, il tapera au portefeuille. 

À ce rythme, les femmes seront payées autant que les hommes en 2168.
Pixabay

C’est une rengaine dont on aimerait se passer. Comme tous les ans, le collectif Les Glorieuses a calculé le jour de l’année à partir duquel les Françaises travaillent gratuitement. Cette année, elles ont gagné trois jours de répit. Ce sera le 6 novembre à 15 h 35 et 5 secondes.

Pour parvenir à cette date, le collectif s’est basé sur les derniers chiffres d’Eurostat, organisme des statistiques de l’Union européenne. Ainsi, en France, sur la rémunération horaire brute moyenne, les femmes gagnent 15,2 % de moins que les hommes.

L'égalité en 2168

"C’est toujours mieux qu’en 2011, puisque nous étions alors à 15,7 %. Mais à ce rythme-là, nous devons encore attendre 150 ans pour arriver à une égalité, soit en 2168", alertent les Glorieuses. D’autant que sur les revenus nets, l’écart est beaucoup plus important. Sur l’année, il représente en moyenne 6 220 euros soit 25 % d'écart, estime l’Insee.

Pour faire bouger les lignes, le collectif appelle les femmes et les hommes à quitter leur travail à 15h35 ce 6 novembre. Un "geste symbolique" inspirait des méthodes islandaises. Mais surtout, elle demande au maximum de personnes de signer une pétition demandant trois mesures concrètes au gouvernement.

Un congé paternité équivalent au congé maternité

D’abord un congé paternité équivalent au congé maternité. Car le coût de la maternité est très douloureux pour les femmes. Il marque souvent le point de rupture à partir duquel les écarts entre femmes et hommes se creusent. Plusieurs études montrent par ailleurs qu’avec un congé paternité plus long, les hommes s’impliquent davantage, par la suite, dans l’éducation de leurs enfants. Ce qui réduit la charge, mentale et physique, des mères.

Autre revendication des Glorieuses : la transparence des salaires. "La transparence de l’entreprise peut aller de la parole libérée autour des salaires à la publication totale des salaires, accessibles à toutes et à tous", écrit le Collectif. Enfin, Les Glorieuses souhaite rendre obligatoire un certificat d’égalité pour les entreprises afin de prouver qu’elles paient femmes et hommes de façon identique.

Une sanction de 1 % du chiffre d'affaires

C'est un peu la direction qu'a pris le gouvernement. Certes il ne s'agit pas de certificat d'égalité à proprement parler mais Muriel Pénicaud, ministre du Travail, donne trois ans aux entreprises de plus de 50 salariés pour agir. À partir du 1er janvier 2019, ces dernières devront mesurer les écarts de salaire au sein de leur société et y remédier en trois ans.

"Si elles ne le font pas, la sanction pourra être de 1 % du chiffre d’affaires", a précisé la ministre au micro de France Info. Le dispositif devrait être détaillé dans les semaines à venir. 

Marina Fabre @fabre_marina


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