Publié le 20 août 2020
SOCIAL
Souffrance animale : L214 dénonce des conditions d’élevage "révoltantes" pour des canards à foie gras du sud-ouest
L'association de défense des animaux L214 dénonce les conditions "répugnantes" et "révoltantes" dans un élevage de canards reproducteurs à foie gras des Pyrénées-Atlantiques, vidéo à l’appui. L’association demande la fermeture "urgente et définitive" de l’élevage et va porter plainte pour cruauté envers les animaux. L'exploitant assure que la vidéo est mensongère.

@L214
[Mis à jour le 20/08/2020] Bâtiment "totalement insalubre", cadavres de canards "décomposés" et "non ramassés", cages "en train de s'effondrer", épais "flot d'excréments" qui "déborde à l'extérieur", asticots, rats qui "prolifèrent", canards vivants au milieu des cadavres de leurs pairs… C’est la description horrifique que fait l’association de défense des animaux L214 de l'un des bâtiments abritant les canards mâles à Lichos (Pyrénées-Atlantiques), à 50 km de Pau. Des conditions d’élevage "répugnantes" et "révoltantes" pour des canards reproducteurs destinés à la production de foie gras IGP.
Attention la vidéo ci-dessous est difficile à regarder :
"Un sommet dans l’horreur"
Les photos et vidéos mises en ligne sur le site de L214 sont insoutenables. Elles ont été prises "il y a quelques jours" en août, après signalement d'un "lanceur d'alerte". Elles dépeignent "un sommet dans l’horreur, le pire élevage que nous ayons eu l'occasion de voir depuis les débuts de L214" en 2008, affirme Sébastien Arsac, directeur des enquêtes de l'association. La situation y semble "totalement hors de contrôle" et l'élevage - qui constitue "une bombe sanitaire" - doit "fermer de toute urgence", selon l'association qui dit espérer "a minima une interdiction d'exercer une activité d'élevage" à l'encontre des responsables. Elle compte s’appuyer sur le soutien d’une pétition lancée en même temps que l’enquête.
Sur le site de l'exploitation le Couvoir du Saison, une copropriétaire de cette exploitation "familiale" a répondu aux accusations en affirmant à l'AFP que la vidéo de l'association était "fausse, mensongère et malhonnête". "Sur la partie extérieure, le lisier qui se déverse, c'est la vérité", a concédé Aurore Vidal, "des images de certains animaux en cage, c'est notre exploitation, mais tout ce qui est cadavres, asticots et tout le reste, c'est faux", a-t-elle ajouté, "ce n'est pas notre exploitation". La jeune femme a accusé la "malveillance", notamment d'un "ancien intérimaire" et annoncé une plainte pour "diffamation et entrée par effraction" contre L214.
Une plainte a été déposée mercredi de son côté par l'avocate de L214 au tribunal de Pau pour "cruauté envers animaux", "abandon". L’association compte aussi attaquer l’élevage pour "atteinte à l'environnement", en raison des déjections s'écoulant du bâtiment et pouvant polluer le Saison, un proche cours d'eau, classé Nature 2 000. Par ailleurs, L214 déclare avoir déjà alerté l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP). Contactée par l’AFP, la direction de l’élevage et celle du couvoir n’ont cependant pas pu être jointes, indique l’agence de presse.
Un audit sur la filière foie gras
Ce n’est pas la première fois que L214 cible des élevages de la filière foie gras. Fin 2019, elle avait ainsi ciblé le couvoir d'un lycée agricole de Périgueux, dénonçant "l'agonie" de canetons femelles (non conservées pour le gras). La préfecture de Dordogne avait alors confirmé un "manquement" avéré -et verbalisé- à la réglementation sur les méthodes d'euthanasie, auquel il avait été remédié ensuite.
(1/3) Dès que j’ai eu connaissance de la situation dans l'élevage en Pyrénées-Atlantiques, j’ai immédiatement diligenté une enquête, complétée par une visite vétérinaire. Une mise en demeure de l’exploitation va être prononcée pouvant conduire à la suspension. pic.twitter.com/BypWyLJDPR
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) August 19, 2020
À la lumière de ces exemples, L214 s'interroge sur les inspections dans la filière foie gras, qui restent largement insuffisantes selon elle (un élevage est inspecté en moyenne tous les 100 ans, assure-t-elle dans la vidéo), et demande au ministre de l'Agriculture Julien Denormandie "de diligenter un audit de l'ensemble des élevages de canards reproducteurs et couvoirs de la filière foie gras". Elle souhaite également que soient publiés "les rapports complets d'inspection, comme l'avait fait Stéphane le Foll en 2016 concernant les abattoirs d'animaux de boucherie". Le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, a affirmé avoir "immédiatement dilligenté une enquête complétée par une visite vétérinaire".
Béatrice Héraud avec AFP