Publié le 15 février 2021

SOCIAL

"C’est qui le patron", prêt à partager le secret d'une rémunération plus juste des producteurs avec la grande distribution

Comme chaque année, les négociations commerciales entre distributeurs, industriels et producteurs, tournent au drame. Dans ce contexte, la marque "C'est qui le patron" vient d'accepter de partager les cahiers des charges de ses produits à la grande distribution et marques indépendantes pour leur permettre de mieux rémunérer les agriculteurs. Monoprix a ainsi basculé toute sa gamme de lait de marque propre dans cette démarche. 

C qui le patron
Le lait de la marque des consommateurs représente désormais 5 % des ventes nationales.
C'est qui le patron

"C’est qui le Patron", marque qui offre une rémunération plus juste aux agriculteurs, vient d'ouvrir le cahier des charges de ses produits à l'ensemble des fabricants et distributeurs qui souhaitent reproduire son modèle. "On a beaucoup hésité, on ne voulait pas servir de caution. Les sociétaires craignaient le risque de greenwashing", explique le fondateur de la marque, Nicolas Chabanne. "Mais la situation des producteurs est telle qu’on ne pouvait pas se permettre d’être une marque recroquevillée sur elle-même", ajoute-t-il.

En effet, une fois de plus, les négociations commerciales entre producteurs, industriels et distributeurs se passent mal. Malgré la loi sur l’alimentation (Egalim) pensée pour mieux gérer les rapports de force, le compte n’y est pas. Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a accusé le 12 février sur BFMTV "certains acteurs" de la grande distribution de ne pas respecter la règle de la transparence des prix. 

Jusqu'alors les consommateurs-sociétaires de "C'est qui le Patron" refusaient de partager leurs cahiers des charges, hormis pour un test avec Monoprix. Depuis trois ans le distributeur applique en effet les critères de C'est qui le patron à toutes ses bouteilles de lait de marque propre. "Le prix des bouteilles a augmenté mais le but c'était de sortir de la guerre des prix, d'avoir un partage de la valeur plus sain", explique Céline Desanlis, directrice des marques propres Monoprix. "On n'en vend pas forcément autant qu'avant mais on est dans une démarche de "moins mais mieux", avance-t-elle.

Une sorte de label

La transparence étant le maître mot de C’est qui le patron, la marque ne compte pas adouber les distributeurs qui reprennent son cahier des charges, un quasi-label, sans aucun contrôle. Les sociétaires, comme à leur habitude, iront vérifier chez les producteurs le bon respect des critères, et, bien sûr, la répartition de la valeur. Selon les produits et les marques, C’est qui le patron pourra afficher son logo et parfois, inscrire un QR code qui permettra aux consommateurs de connaître toute l’histoire du produit qu’ils viennent d’acheter. La marque a ainsi trouvé une manière de répondre aux demandes des distributeurs, de plus en plus nombreux à faire appel à elle. 

"C’est un changement d’échelle pour nous. Il y a un enjeu incroyable, on ne pouvait passer à côté. On a décomplexé les distributeurs et montré qu’augmenter un peu les prix, en assurant que les centimes en plus reviennent aux producteurs, est un argument de vente", avance Nicolas Chabanne. La marque C’est qui le patron récupérera un pourcentage sur les ventes des distributeurs, ce qui lui permettra de financer le dispositif de contrôle mis en place.

La marque a également décidé de reverser l’intégralité des bénéfices générés en 2020 à un fonds de solidarité qui vient en aide aux producteurs et aux commerçants qui ont subi la crise de Covid-19. Au total, plus de 1,5 million d’euros vont être redistribués. Nicolas Chabanne appelle d’autres marques à s’engager dans cette démarche. Il a déjà réussi à convaincre à convaincre entre autres Panzani et Carrefour d’abonder ce fonds de solidarité. 

Marina Fabre, @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Consommation

Produits verts, bio, issus du commerce équitable ou made in France….les marques multiplient les produits vendus comme écologiques, durables et responsables et les consommateurs prennent conscience de l’impact de leur choix sur l’environnement. Ces nouvelles pratiques de consommation doivent reposer sur des labels crédibles.

Epicerie pexels erik scheel

Paris, Montpellier, Toulouse... La révolution de la sécurité sociale alimentaire

Entre 100 et 150 euros crédités par personne pour freiner la précarité alimentaire en France tout en encourageant une production locale et durable, voilà l'objectif de la sécurité sociale de l'alimentation. Après Montpellier, Toulouse ou encore Bordeaux, la capitale va expérimenter en 2024 cette...

Ademe devendeur sobriete publicite

Déconsommation subie ou choisie ? La campagne de l’Ademe lance un débat animé en plein Black Friday

Jamais des spots de publicité de l’Ademe n’ont eu autant de visibilité ! Parce qu’ils incitent les consommateurs à se demander s’ils ont vraiment besoin d’un polo de plus, s’il ne vaudrait pas mieux louer ou réparer une ponceuse ou un smartphone, ils ont déclenché une demande de retrait des...

IStock 1459432958 1

Bjorg retire le Nutri-score de ses produits... à deux mois du durcissement des critères

Bye bye le Nutri-score. Bjorg, marque française spécialisée dans le bio, retire cette note nutritionnelle de ses produits. Un retrait qui intervient juste avant le durcissement des critères du Nutri-score à partir du 1er janvier 2024 et qui abaisserait significativement les notes de Bjorg, selon...

Prix vie chere inflation INA FASSBENDER AFP 01

Les tickets-restaurant subventionnant la malbouffe : le gouvernement rétropédale

Le gouvernement prolongera finalement la possibilité d'acheter avec des tickets-restaurant des produits non consommables de suite comme les pâtes, le riz, la viande, les légumes… Cette dérogation, lancée en octobre 2022 devait arriver à échéance à la fin de l'année et limiter l'achat aux plats...