Publié le 16 septembre 2019

SOCIAL

Les vêtements d’occasion, le nouveau "must have" des magasins et des marques

C'est la nouvelle norme pour les marques et les magasins. Vendre des vêtements d'occasion permet d'attirer une nouvelle clientèle et de compenser une image qui se ternit de plus en plus en raison des conséquences de l'industrie textile sur l'environnement. Galeries Lafayette, Printemps, Macy's, JC Penney, Kiabi, Camaieu, tout le monde s'y met.

Vetement occasion nouvelle norme pixabay
Les vêtements d'occasion attirent de plus en plus les marques et grands magasins.
CC0

C’est le renouveau des vêtements d’occasion. Aux États-Unis, Thred Up, plateforme de revente de textile de seconde main en ligne, vient de nouer un partenariat avec les populaires Macy’s et JC Penney, deux enseignes américaines. Bientôt la plateforme spécialiste des vêtements d’occasion va fournir les deux distributeurs directement dans leurs magasins.

Macy’s et JC Penney espèrent ainsi répondre à l’attente de consommateurs, de plus en plus sensibles à la pollution de l’industrie textile, et attirer de nouveaux clients. Il faut dire que les deux enseignes sont en difficulté. Les ventes de JC Penny ont baissé de 7 % et celles de Macy’s stagnent. "Avec l’essor des marchés de la revente en ligne, il ne fait aucun doute que la demande pour les marques est à son plus haut niveau. Trouver un produit d'occasion unique pour beaucoup moins cher est un frisson émotionnel", a déclaré Michelle Wlazlo, vice-présidente exécutive et négociante en chef de JCPenney.

Surtout l’avenir du marché des produits de seconde main semble radieux. Selon une étude de GlobalData publiée par ThredUp, d’ici 2028 les ventes de produits d’occasion vont atteindre 64 milliards de dollars aux États-Unis, de quoi dépasser les enseignes de la fast fashion qui ont généré 44 milliards de dollars. 

Les marques compensent leur mauvaise image avec l'occasion

"Vendre des vêtements d’occasion c’est une nouvelle norme pour les marques", analyse Élisabeth Laville, fondatrice d’Utopies. "C’est une manière de compenser la mauvaise image qu'elles ont d'un point de vue environnemental et social". Et c'est aussi l'occasion de surfer sur une vague qui pourrait leur être défavorable. Plus un consommateur achète via Vinted par exemple, l'appli star des vêtements d'occasion, moins il mettra les pieds dans les magasins classiques. 

Or, selon une nouvelle étude de l’Institut français de la mode (IFM), depuis 2007, le marché du textile et de l’habillement a perdu 15 % de sa valeur, tous circuits de distribution confondus. Les Français achètent de moins en moins de vêtements neufs. En cause, d'abord, la perte de pouvoir d'achat mais aussi un "souci écologique et éthique". Une véritable tendance qui profite au marché de seconde main, que l'IFM évalue à un milliard d'euros en France en 2018.

Pas de remise en question du modèle de la fast fashion

Face à ce constat, plusieurs marques et détaillants ont décidé de franchir le pas. Les Galeries Lafayette viennent de lancer Le Good dressing, une plateforme qui permet une vente entre particuliers sans commission. Mais pour fidéliser la clientèle les Galeries proposent un système de bons d'achats qui permet faire revenir le consommateur. Des "corners vintage" (des coins vintage, littéralement) s'installent de plus en plus dans les grands magasins comme le Printemps. Même Kiabi et Camaieu s'y mettent.

"La seconde main est une véritable tendance pour les consommateurs mais les marques s'adaptent à la marge. Elles ne remettent pas en question le modèle de la fast fashion qui a pourtant des conséquences désastreuses. Or la mode a existé avant la fast fashion, elle peut se définir autrement", défend Elisabeth Laville.

Marina Fabre, @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Consommation

Produits verts, bio, issus du commerce équitable ou made in France….les marques multiplient les produits vendus comme écologiques, durables et responsables et les consommateurs prennent conscience de l’impact de leur choix sur l’environnement. Ces nouvelles pratiques de consommation doivent reposer sur des labels crédibles.

Becca mchaffie reemploi

H&M, Nike, Primark... Où finissent vraiment nos vêtements donnés aux grandes enseignes ?

Des bons d'achat en échange de dons de vêtements. Qui ne s'est pas laissé séduire ? La formule, de plus en plus utilisée par les grandes enseignes, a de quoi déculpabiliser. Pourtant, derrière la promesse d'une revente de seconde main ou de don à des associations, beaucoup de ces vêtements finissent...

Souscontraintes 03

"Se limiter à 3 vêtements neufs par an peut bouleverser les normes" : Sous contraintes, le podcast de la transition socio-écologique 8/10

Et si nous faisions le vide dans nos placards ? Une étude britannique avait estimé que pour respecter l'objectif 1,5°C, il fallait se contenter de trois vêtements neufs par an. Un défi plus complexe qu’il n’y paraît, qui peut bouleverser les normes établies et les habitudes de consommation. Ce...

Pollution numerique smartphone

RSE : Orange fait appel à ses parties prenantes pour réduire ses émissions indirectes

L’opérateur de téléphonie a demandé à ses clients quelles pistes il fallait envisager pour réduire l’empreinte du numérique. Le reconditionnement et le recyclage des appareils remportent tous les suffrages et Orange prévoit de renforcer son offre. Mais les utilisateurs se questionnent aussi sur la...

Souscontraintes 02

La fin de la bonne bouffe ou "le début d’une nouvelle ère gastronomique" : Sous contraintes, le podcast de la transition socio-écologique 4/10

Et si nous étions à l'aune d'une nouvelle ère gastronomique ? Alors que la saison du barbecue est lancée, l'anthropologue Fanny Parise interroge dans ce nouvel épisode de notre podcast Sous contraintes la fin de la bonne bouffe et la réinvention de nouveaux imaginaires répondant à la crise...