Publié le 23 décembre 2015

SOCIAL

Les roses aussi peuvent être équitables

L’association Max Havelaar (Fairtrade International) labellise une cinquantaine de fermes horticoles à travers le monde, employant près de 50 000 personnes. Des fermes qui veillent au respect de l’environnement à travers l’optimisation de la consommation d’eau et la limitation des pesticides, mais aussi à la protection des travailleurs via la mise en place d’un salaire décent. Exemple avec la ferme Agrogana, située en Equateur, et qui fournit entre autres un fleuriste parisien.  

En 2014, 675 millions de fleurs labellisées Fairtrade/Max Havelaar ont été vendues dans le monde.
Max Havelaar

Entre une rose des Pays-Bas et une d’Equateur, laquelle choisiriez-vous spontanément pour mieux garantir le respect de l’environnement et de ses producteurs ? La réponse n’est pas forcément celle qui vous viendrait immédiatement à l’esprit. Car "du point de vue du bilan carbone, une rose d’Equateur pollue beaucoup moins qu’une rose venant des Pays-Bas qui aura poussé dans une serre chauffée", explique Rym, fleuriste engagée du 12e arrondissement de Paris.

Les fleurs équitables qu’elle propose à ses clients viennent de la ferme Agrogana, située à quelques dizaines de kilomètres au sud de Quito, en Equateur. Cette ferme horticole de 22 hectares a reçu en 2003 le label Fairtrade International (Max Havelaar). Elle s’engage depuis à produire de façon plus respectueuse de l’environnement et des travailleurs. Les intrants chimiques les plus dangereux sont bannis, des mesures strictes de contrôles des nuisibles ont été mises en place et l’optimisation de la consommation d’eau est facilitée grâce à des méthodes d’irrigation économes et de récupération d’eau de pluie.  

"Notre clientèle est particulièrement sensible aux questions environnementales et aux conditions de travail", ajoute la fleuriste parisienne. Mais cela a un coût : l’importateur s’engage à verser 10 % de plus par rapport au prix d’achat. Des fonds qui servent à financer des projets locaux. C’est ce qu’on appelle la prime de développement. Et ce coût supplémentaire est répercuté sur le consommateur puisque les fleurs équitables sont 25 % plus chères que les autres. "Mais elles sont de meilleure qualité et tiennent plus longtemps", précise Rym.  

 

Gravir les échelons grâce à la prime de développement  

 

Margarita Macato travaille depuis 12 ans chez Agrogana. C’est justement grâce à cette prime de développement qu’elle a pu gravir les échelons. "Au début, j’ai commencé comme préparatrice de bottes de fleurs et puis, petit à petit, j’ai gravi les échelons, raconte la jeune femme, de passage à Paris (dans le cadre de la campagne Fairtrade). Avec la prime de développement, nous avons construit un centre d’éducation. J’ai pu assister à des cours d’informatique, ce qui m’a permis de devenir assistante de vente et de facturation." Si elle avait travaillé dans une autre ferme, elle assure qu’elle n’aurait jamais pu obtenir un tel poste.  

Outre son apprentissage informatique, des cours d’anglais et de mathématiques sont aussi dispensés à l’ensemble de la communauté. Le comité des travailleurs qui perçoit la prime a également mis en place des bourses d’éducation pour les travailleurs et leurs enfants. "Actuellement, quatre salariés sont en train de passer l’équivalent du baccalauréat", précise Margarita Macato.  

 

Améliorer les conditions de vie  

 

Tous les trois mois, la ferme achète en gros des produits de première nécessité pour les travailleurs et leur propose des crédits pour l’achat d’équipement électroménager. L’accès aux centres de soins locaux est aussi facilité. Les salariés bénéficient également de conditions de travail améliorées : la semaine de 48h, huit semaines de congés maternité, et un salaire minimum qui respecte la référence la plus exigeante en vigueur dans le pays. "C’est important que les consommateurs achètent des produits labellisés Fairtrade/Max Havelaar car cela nous aide vraiment beaucoup, nous, travailleurs, nos familles mais aussi la communauté", assure Margarita Macato.   

En 2014, 675 millions de fleurs labellisées Fairtrade/Max Havelaar ont été vendues dans le monde, dont 7,3 millions en France. Cela a permis de générer 5 millions d’euros de prime de développement directement perçus par les travailleurs.  

Concepcion Alvarez
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