Publié le 01 mars 2018
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Le siège d'E.Leclerc perquisitionné pour non respect des négociations commerciales
Tout un symbole. En plein Salon de l'Agriculture, la Direction de la répression des fraudes a perquisitionné le siège de E.Leclerc. Le distributeur n'aurait pas respecté les règles des négociations commerciales qui se terminent aujourd'hui. "La période est aux annonces politiques", a critiqué le groupe connu pour tenter d'obtenir des prix toujours plus bas auprès de ses fournisseurs.

©E.Leclerc
Le gouvernement frappe fort. Selon l'AFP, le mardi 27 et mercredi 28 février, des agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) ont perquisitionné le siège du distributeur E.Leclerc à Ivry-sur-Seine (Val de Marne), juste à la veille de la fin des négociations commerciales qui ont lieu chaque année entre distributeurs et agriculteurs.
"Nous justifions ces perquisitions par des éléments que nous avons recueillis et qui montrent qu'il pourrait y avoir de la part de ce grand distributeur le non respect des règles commerciales qui s'appliquent à tous sans exception", a affirme le ministre de l'Économie, Bruno le Maire sur les chaînes Public Sénat et TV5 Monde. "Ensuite, tous ces procès-verbaux seront transmis à la justice et c'est la justice qui tranchera, et on verra qui de la grande distribution ou de l'État a raison en la matière", a t-il ajouté.
Une perquisition politique
Une perquisition d'autant plus surprenante que la loi censée réguler les négociations commerciales n'a pas encore été votée. Elle propose d'inverser la formation du prix de vente, en partant du coût de production de l'éleveur ou de l'agriculteur. Mais aussi de limiter les promotions commerciales et d'augmenter le seuil de relèvement à perte. Malgré les critiques de Michel Edouard Leclerc, président du groupe éponyme, le distributeur a signé une charge s'y engageant. Sauf que celle-ci n'a pas force de loi.
"On s'étonnera d'une telle procédure, alors même que les négociations sont en cours et pour l'heure, non abouties", a affirmé pour sa part Leclerc dans un communiqué, rappelant que "les années précédentes, Bercy attendait la signature des contrats avant d'exercer ses contrôles". Pour le distributeur, ces perquisitions sont dues au fait que la "période est aux annonces politiques".
"La distribution veut profiter de sa dernière année d'open bar"
Au total, ce sont plus de 187 contrôles qui ont eu lieu depuis le début de l'année a affirmé la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Delphine Geny-Stephann Il y a des "des pratiques qui pourraient sembler abusives, des menaces de déréférencement, une vigilance sur les centrales internationales, et une vigilance sur les problèmes de logistique qui peuvent amener à pénaliser les fournisseurs", a t-elle indiqué à l'AFP.
Depuis le début des négociations commerciales, et malgré les engagements pris lors des États généraux de l'alimentation par la grande distribution, les agriculteurs, éleveurs et les PME qui fournissent les distributeurs témoignent de négociations commerciales très tendues. "La distribution veut profiter de cette dernière année d'open bar", a résumé le PDG de Nestlé, Richard Girargot lors d'une interview sur Europe 1 au Salon de l'Agriculture. Comprenez que la grande distribution fait encore pression sur les prix avant que la promulgation de la loi ne siffle la fin du match.
Marina Fabre @fabre_marina avec AFP