Publié le 14 février 2018

SOCIAL

Lactalis : Foodwatch recense 12 infractions et porte plainte dans l’affaire du lait contaminé

Le scandale est loin d’être terminé pour Lactalis et les plaintes s’accumulent sur le bureau du pôle santé publique du parquet de Paris. Après l’UFC-Que choisir et l’Association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles, Foodwatch porte plainte contre X ce 14 février. Elle vise tout à la fois Lactalis, les distributeurs, les laboratoires et les autorités publiques. L’association a relevé 12 infractions. Elle appelle à des sanctions dissuasives et exemplaires.       

"C’est le scandale de trop", pour l’association Foodwatch, une ONG de défense des consommateurs. Associée à sept familles, elle a déposé ce mercredi 14 février une plainte contre X au pôle santé publique du parquet de Paris. Pas moins de 12 infractions (1) ont été répertoriées dans l’affaire du lait contaminé de Lactalis : de la mise sur le marché d’un produit préjudiciable à la santé à l’inexécution d’une procédure de retrait ou de rappel d’un produit, en passant par la mise en danger d’autrui, l’atteinte involontaire à l’intégrité de la personne, ou encore l’exportation vers un pays tiers à l’Union européenne d’une denrée alimentaire préjudiciable à la santé.

Pour Foodwatch, il ne fait aucun doute que ce scandale sanitaire aurait pu et dû être évité. "Notre système défaillant a mis en danger la vie de dizaines de nourrissons en France et dans les 85 autres pays concernés. Tous les acteurs dans ce scandale ont manqué à leurs obligations : fabricant, distributeurs, autorités publiques et laboratoire se sont montrés irresponsables." 

Amateurisme

Les excuses d’Emmanuel Besnier, le patron de Lactalis, début février, n’auront donc pas suffi à apaiser les tensions. Pour Foodwatch, l’entreprise est la première responsable et a fait "preuve d’amateurisme, aux dires mêmes du ministre de l’économie, Bruno Le Maire". La grande distribution porte aussi une lourde part de responsabilité en ayant continué de vendre des milliers de produits dangereux malgré les rappels. "Leur mea culpa ne doit pas faire oublier que c’était complètement illégal", rappelle l'ONG. 

Dans sa plainte, elle vise aussi les laboratoires Eurofins qui ont effectué les tests d’autocontrôles pour Lactalis et avaient l’obligation de communiquer aux autorités tout résultat qui pouvait faire suspecter la présence d’un danger sanitaire. Les autorités publiques enfin sont également ciblés pour avoir "manqué à leurs obligations en matière de prévention des risques sanitaires, mais aussi dans la gestion particulièrement défaillante de cette crise alimentaire majeure".

Sanctions exemplaires

Jeudi 15 février, le président de l’Association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS), Quentin Guillemain, déposera à son tour 30 plaintes supplémentaires contre Lactalis et des enseignes de la grande distribution après plusieurs plaintes déjà déposées en décembre. "Nous voulons que justice soit faite. Trop de questions restent sans réponse", explique-t-il. 

"Nous constatons scandale après scandale - viande cheval, œufs au fipronil, etc. -, que les différents protagonistes semblent échapper à toute sanction. C’est l’un des nœuds du problème : les sanctions  devraient être dissuasives et exemplaires", ajoute Foodwatch. Selon l’association, l’entreprise mayennaise et les acteurs de la grande distribution visés, parmi lesquels Carrefour, Leclerc, Auchan, risquent une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de leur chiffre d’affaires et quatre ans de prison.

Officiellement, 39 bébés ont été atteints de salmonellose dont 37 en France, après avoir consommé un produit d'alimentation infantile Lactalis infecté sorti de l'usine de Craon. Une première épidémie en 2005 liée à cette usine avait déjà touché 146 nourrissons.

Concepcion Alvarez @conce1

(1) Voir l'argumentaire de Foodwatch 


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