Publié le 16 juillet 2018
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Coupe du monde : La victoire des Bleus va faire frémir l’économie française… rien de plus
Le boulet de canon de Paul Pogba, le coup franc d’Antoine Griezmann, l’arrêt magique de Hugo Lloris… Est-ce que chacun de ces mouvements va ajouter quelques milliards d’euros au PIB tricolore ? Si un effet existe, il est marginal, assurent les économistes. Bruno Le Maire, lui, y croit.

@AleskeyNikolskyi/Sputnik
C’est presque une légende urbaine. La victoire de l’équipe nationale de football lors d’une Coupe du Monde aurait un effet très positif sur l’économie. S’il y a bien un gain de popularité du Président (comme l’avait connu Jacques Chirac en 1998) et un impact sur le moral des foyers, l’effet économique reste à prouver.
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, veut y croire. Il l’assure : "C'est bon pour la croissance". Avant de justifier : "La croissance économique, ça repose sur de la confiance et une victoire en Coupe du monde, ça donne de la confiance en soi aux Français (…) il y a une part d’irrationnel dans l’économie".
3,6 % de croissance en 1998
Cet effet est important pour l'exécutif alors que la prévision de croissance va sûrement être revue à la baisse. Si le gouvernement maintient une prévision de 2 % pour 2018 (contre 2,3 % en 2017), l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) calcule seulement 1,7 %.
Bruno Le Maire s’appuie certainement sur l’exemple de 1998 où la France, après la victoire des Bleus de Zinédine Zidane en finale de la Coupe de Monde, avait connu une croissance de 3,6 %, contre 2,3 % en 1997. Mais cet effet était dû à un contexte économique favorable, notamment un prix très bas du pétrole, et au fait que la Coupe du Monde était organisée dont l’Hexagone.
2,3 milliards d’euros
"Selon nos calculs, gagner la Coupe du Monde (2018) rapporterait 0,2 point de consommation de plus à la France, soit 0,1 point de croissance supplémentaire. La croissance de la consommation passerait de +1,1 à +1,3 % en 2018 ; la croissance du PIB passerait de +1,8 à +1,9 %", explique Ludovic Subran, directeur de la recherche économique chez Allianz et Euler Hermes. Ainsi, ce gain de 0,1 % représenterait environ 2,3 milliards d’euros (par rapport au PIB 2017 de 2 291 milliards d’euros).
Certains économistes ne concèdent même pas ce mini-effet. Sur le compte tweeter de l’institut Coe-Rexecode, son président Denis Ferrand explique que "l'impact Coupe du Monde est quasi nul car il existe très peu de relation entre la confiance des ménages et leur consommation. Ce qui fait la croissance, c'est le pouvoir d'achat".
Pas de rupture
Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management est également réservé : "En quoi une victoire, même dans un sport populaire comme le football, serait susceptible de changer dans la durée le comportement d’investissement des entreprises, d’améliorer les gains de productivité ou de changer radicalement l’arbitrage entre consommation et épargne dans le revenu des ménages ? (…) Si cela peut provoquer une légère inflexion à la hausse, il n’y a aucune raison que cela provoque une rupture".
Ludovic Dupin @LudovicDupin