Publié le 13 mars 2018

SOCIAL

Crises sanitaires : Carrefour lance une blockchain pour restaurer la confiance avec les consommateurs

Carrefour vient d'annoncer le lancement de la première blockchain alimentaire d'Europe sur neuf de ses filières. Le consommateur pourra scanner le QR code d'un poulet par exemple pour connaître le lieu d'abattage, les conditions d'élevage ou encore son alimentation. Une stratégie pour créer un lien de confiance avec le consommateur, mais aussi mieux gérer les crises sanitaires. 

Carrefour va lancer une blockchain sur neuf de ses filières estampillées "qualité Carrefour".
Pixabay

C'est une révolution dans le monde de l'agroalimentaire. Le 6 mars, Carrefour a annoncé le lancement de la première blockchain alimentaire d'Europe. Derrière ce terme parfois complexe, c'est pourtant de la transparence que pourrait trouver le consommateur.

Concrètement, Carrefour va équiper ses poulets d'Auvergne estampillés "filière qualité Carrefour" d'un QR code. Le consommateur pourra le scanner et retrouvera toutes les informations sur le poulet qu'il est en train de manger. Le lieu et le mode d'élevage, le nom de l'éleveur, l'alimentation reçue (sans OGM, soja ou céréales), les labels, le lieu d'abattage… Il pourra savoir ce qu'a picoré le poulet qui est dans son assiette, et même regarder une vidéo tournée par l'éleveur en question.

Pour l'instant, le groupe ne lance sa blockchain que sur cette filière, une des plus emblématiques selon lui. Il étendra après cette exigence à huit autres filières animales et végétales : oeufs, fromage, lait, orange, tomate, saumon, miel et steak haché.

Renouer la confiance avec les consommateurs

"Ce que l'on veut, c'est de la transparence", affirme Hervé Gomichon, directeur qualité de Carrefour, interrogé par Novethic. "Les éléments de traçabilité, nous les avions déjà. Mais nous ne savions pas comment les transmettre aux consommateurs. La blockchain, par sa fiabilité, son inviolabilité et sa transparence, nous a paru la meilleure solution".

La blockchain est l'occasion pour Carrefour de renouer avec le consommateur. Ce dernier étant de plus en plus méfiant après une année de crises sanitaires avec le lait Lactalis contaminé aux salmonelles et les œufs au fipronil"L’utilité de la blockchain se démarque en particulier par la suppression des marchandises contrefaites et contaminées", explique Scott Clarke, directeur informatique et spécialiste du sujet. La blockchain va en effet permettre de sécuriser des chaînes d'approvisionnement complexes dans lesquelles les enregistrements à la main sont inefficaces. 

La blockchain pour toutes les filières d'ici 2020

Reste que pour l'instant que Carrefour s'est uniquement focalisé sur des chaînes d'approvisionnement avec peu d'intervenants. Plusieurs analystes financiers pointent d'ailleurs leur incompréhension à utiliser la blockchain, système complexe, sur des chaînes aussi courtes. "On a commencé par des filières pour lesquelles nous avions toutes les données", se défend Hervé Gomichon. "À terme, l'ambition est de déployer la blockchain sur la majorité de ses filières qualité Carrefour, à savoir une centaine", explique-t-il. 

La blockchain pourrait ainsi devenir un rempart contre les crises sanitaires, un intervenant ne pouvant modifier les données qu’il a transmises a posteriori. "La blockchain va créer une obligation de transparence et la transparence impose de la rigueur et de la qualité à tous les niveaux. Cela entraîne une exigence sur l'ensemble de la chaîne", conclut le directeur qualité de Carrefour. 

Marina Fabre@fabre_marina


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