Publié le 03 mai 2020
SOCIAL
[Bonne nouvelle] Pour faire face aux besoins des plus démunis, Comerso lance une plateforme inédite de dons alimentaires
Donner ses invendus n'a jamais été aussi important. Alors que les associations de dons alimentaires alertent sur une augmentation de la demande de 30 à 40 % à cause du confinement, la startup Comerso vient de créer une plateforme pour faciliter les échanges avec les acteurs de l'agroalimentaire. De Carrefour à Intermarché en passant par Casino, presque toutes les enseignes participent à cette initiative d'ampleur.

LAURENT PERPIGNA IBAN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Ce sont des images impressionnantes de file d’attente s’étalant sur des dizaines de mètres devant les associations d’aide alimentaire dans les quartiers populaires. À Clichy-sous-Bois, le journal Le Monde constate qu’en seulement huit jours, le nombre de personnes souhaitant accéder à la distribution alimentaire organisée par la Fondation Abbé Pierre, le collectif Aclefeu et le centre social Toucouleurs, est passé de 190 à 750. Partout, les associations d’aide alimentaire tirent la sonnette d’alarme, soulignant une demande de dons en augmentation de 30 à 40 %.
Face à la situation, Comerso a voulu participer à l’effort de guerre. La startup spécialisée dans la gestion des invendus vient de créer "Plateforme solidarité associations". Le but est de mettre en contact les entreprises de l’agroalimentaire qui ont des invendus et les associations de dons. "On s’est rendu compte qu’avec la pandémie, les entreprises de l’agroalimentaire avaient parfois du mal à gérer les stocks. La consommation des Français oscille, avec des effets yoyo. Or, à l’autre bout de la chaîne, les associations, elles, ont du mal à s’organiser, leurs bénévoles étant généralement des personnes âgées donc à risque face au Covid-19", explique François Vallée, directeur marketing de Comerso.
La plateforme Solidarité Associations soutient, en cette période, les dons alimentaires et non-alimentaires de 1ère nécessité.
Déjà + de 130 000 repas ont été distribués.
Une initiative des distributeurs, industriels et associations à laquelle @ComersoFr est fier de contribuer! pic.twitter.com/8l72XbDqdF— Comerso.fr (@ComersoFr) April 22, 2020
Pour faciliter la gestion de ces dons, Comerso a ainsi créé un numéro vert unique (0 805 690 698) à destination des entreprises et des associations. "En temps normal, nous avons déjà des difficultés pour valoriser nos invendus : nos produits - mix de préparation pour cakes - ne sont pas destinés directement à la grande consommation mais aux professionnels", explique un industriel du Rhônes. Grâce à la plateforme, "nous avons été mis en contact avec des associations en capacité de cuisiner nos produits et pouvant recevoir des quantités importantes. Cela a été géré rapidement, et c’est bien, parce qu’en interne, nous n’avons pas le temps de le gérer", souligne l’industriel.
"Le premier réflexe doit être de donner et non pas de jeter"
De Carrefour à Auchan en passant par Metro, toutes les enseignes de la distribution ont décidé de participer à cette initiative que Comerso a lancée bénévolement. Plus de 150 000 repas ont déjà été distribués, et la plateforme, de plus en plus connue, devrait monter en puissance. "Ce plan d’urgence devrait se poursuivre après le 11 mai car le déconfinement sera progressif et il y a une vraie demande de la part des associations, on voit bien qu’une crise sociale se dessine", prévient François Vallée.
La startup veut surtout éviter que des invendus partent à la poubelle alors que les autorités redoutent des "émeutes de la faim" dans les quartiers populaires, comme le craint le préfet de Seine-Saint-Denis, Georges-François Leclerc, cité dans Le Canard enchaîné. Car avec la fermeture des restaurants, des bars, des cantines scolaires et la baisse des exportations, certains acteurs du monde agroalimentaire comme les agriculteurs ont parfois dû mal à trouver des débouchés pour leurs récoltes. Aux Etats-Unis, la crise est si grave que la plus grande coopérative laitière du pays, Dairy Farmers of America, estime détruire 14 millions de litres de lait chaque jour. Et c’est le cas pour toutes les cultures. "En France, on a la chance d’avoir un réseau logistique solide", assure François Vallée. "Si un maillon manque, on est justement là pour recréer une connexion et une fluidité. Le premier réflexe doit être de donner et non pas de jeter", rappelle-t-il.
Marina Fabre, @fabre_marina