Publié le 15 novembre 2023
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Bjorg retire le Nutri-score de ses produits... à deux mois du durcissement des critères
Bye bye le Nutri-score. Bjorg, marque française spécialisée dans le bio, retire cette note nutritionnelle de ses produits. Un retrait qui intervient juste avant le durcissement des critères du Nutri-score à partir du 1er janvier 2024 et qui abaisserait significativement les notes de Bjorg, selon l'UFC-Que-Choisir. L'entreprise se défend de toute mauvaise intention et dit désormais préférer le Planet-score.

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Le Nutri-score, note de A à E dédiée à la valeur nutritionnelle, est devenu familier dans les rayons des supermarchés. 9 français sur 10 le connaissent et plus d'un Français sur deux a changé au moins une de ses habitudes d'achat grâce à cette indication, selon un bilan réalisé par le gouvernement en 2021. Malgré sa notoriété, ce logo non obligatoire disparaît de tous les produits Bjorg. Curieuse démarche pour cette marque française spécialisée dans le bio et qui prône une alimentation "saine et équilibrée". De nombreux produits se sont déjà dévêtus de cette note confirme à Novethic la maison mère de Bjorg, Ecotone.
Hasard du calendrier -ou non- les critères du Nutri-score vont être durcis dès le 1er janvier 2024. La nouvelle version du Nutri-score, qui entrera progressivement dans les rayons en 2024, notera plus durement le sucre, le sel mais aussi les édulcorants. Au contraire, les poissons gras ou encore les huiles à faible taux de graisses saturées seront réhaussés au regard de leurs autres apports nutritionnels. Un renforcement des exigences qui devrait faire chuter plusieurs notes chez Bjorg, a estimé l'association de consommateurs UFC-Que-Choisir. Selon elle, la moitié des biscuits Bjorg devrait recevoir la note de E et un tiers des boissons végétales devrait chuter de A à B ou de D à E. Pour Serge Hecberg, le fondateur du Nutri-score, le retrait est "une attitude malhonnête".
Le Planet-Score plutôt que le Nutri-score
Interrogé par Novethic, Ecotone se défend de toute mauvaise intention. L'entreprise dit préférer désormais le Planet-score, un indicateur dédié aux impacts environnementaux comprenant trois paramètres : les pesticides, le climat et la biodiversité. Or conserver ces deux notations en parallèle "prêterait à confusion". "Nos consommateurs nous connaissent déjà comme une marque nutritionnelle", affirme un porte-parole d'Ecotone. 70% des produits Bjorg ont une note de A ou B grâce à des taux limités de sel, de sucre ou encore de matières grasses, affirme l'entreprise. "Les premiers résultats avec la nouvelle notation indiquent un résultat du même ordre de grandeur", ajoute-t-elle, précisant que les calculs ne sont pas finalisés.
Des arguments peu convaincants pour David Garbous, président du collectif En vérité qui regroupe 60 entreprises dont Yoplait, D'aucy ou encore la marque de pâtes Alpina Savoie. "On peut déjà faire de la place en retirant des allégations marketing comme Délicieusement onctueux ou encore des indications Made in France non réglementées", ironise-t-il.
Lobbying intense pour faire tomber le Nutri-Score
Surtout, plusieurs recherches ont montré l'intérêt du Nutri-score dont une étude de l'UFC-Que-Choisir d'avril dernier. Selon les conclusions de ce rapport, la qualité nutritionnelle des produits augmente considérablement à partir du moment où le logo Nutri-score est affiché. "Le nutri-score peut stimuler la recherche de recettes plus pertinentes. Par exemple, le ketchup Nod obtient de meilleures notes que la moyenne car il utilise des carottes et des betteraves pour le sucre", illustre David Garbous. "C'est plus cher, mais nous faisons le pari que l'information aux consommateurs produit des changements de comportements".
Principal problème : le Nutri-score n'est pas obligatoire. Actuellement, selon l'UFC-Que Choisir, 40% des entreprises n'affichent pas le Nutri-Score. Au total, seulement 1% des références qui devraient être notées E sont réellement étiquetées. Au niveau européen, la bataille fait rage. En 2021, la Commission européenne avait proposé une législation pour rendre obligatoire un Nutri-score commun à toute l'Union européenne d'ici 2023. Mais depuis, sous pression des lobbys des grands industriels, le projet patine. En mai dernier, 320 scientifiques et professionnels de santé avaient ainsi publié une lettre ouverte demandant à la Commission d'aller jusqu'au bout. Les signataires pointent la pression de Coca-Cola, Lactalis, Mars ou encore Ferrero... et rappellent la nécessité de mettre en place un logo nutritionnel "basé sur la science et la santé publique".
Fanny Breuneval