Publié le 23 janvier 2020
SOCIAL
Paris pourrait bientôt expérimenter un revenu universel
Un vote au Conseil de Paris ouvre la voie à l’expérimentation d’un revenu universel dans la capitale. Le mouvement Génération.s, créé par Benoît Hamon, a en effet profité d’une niche municipale pour valider le lancement d’une conférence de citoyens. Celle-ci aura pour mission de définir les contours de l’expérimentation dans les mois à venir.

@CC0
"La question, désormais, n’est plus de savoir pourquoi mettre en place un revenu universel, mais comment le mettre en place" se réjouit Léa Filoche, coprésidente du groupe Génération.s au Conseil de Paris. En toute discrétion, elle est parvenue à faire valider par la municipalité, toutes couleurs confondues, le principe d’une expérimentation du revenu de base dans la capitale.
La première des étapes va consister à organiser une conférence de citoyens, un outil de démocratie participative utilisée à plusieurs reprises, qui consiste à approfondir un sujet avec la participation de Parisiens tirés au sort. "Cette mission sera gérée par l’IFOP de façon autonome", précise l’élue du 19e arrondissement. "L’objectif est de nous éclairer sur la façon de mener l’expérimentation."
Se projeter dans un autre monde
Faut-il cibler un type de population ou plutôt un quartier ? Le revenu universel doit-il être versé en complément ou à la place des aides sociales ? Pendant combien de temps ? Quel montant ?... Voici les questions qui devront être tranchées. En cette période pré-électorale, le processus est à l'arrêt mais un rapport pourrait être rendu d’ici l’été pour une expérimentation d’ici la fin de l’année ou au plus tard en septembre 2021 si une Mission d’Information et d’Évaluation du Conseil de Paris était lancée en parallèle et à condition que la majorité actuelle soit réélu.
"Mon expérimentation idéale porterait sur les 18-25 ans ou les plus de 65 ans, à l’échelle de plusieurs arrondissements sans condition de revenu, afin de se rapprocher le plus possible d’un revenu universel, explique Léa Filoche. L’objectif est de permettre aux gens de pouvoir par exemple arrêter de cumuler emploi et études ou retraite, de modifier le rapport au travail et de montrer qu’on peut faire autrement. Le revenu universel peut permettre d’élever les consciences et se projeter dans un autre monde."
Le projet a également pour objectif de lutter contre la pauvreté et le non-recours aux aides existantes. En 2018, le taux de pauvreté est reparti à la hausse en France pour atteindre 14,7%, de la population et selon l’Observatoire des non-recours aux droits et services (ODENORE), plus de 5 milliards d’euros de Revenu de solidarité active (RSA) ne sont pas versés chaque année.
D'autres expérimentations
En France, le site Monrevenudebase, lancé par Julien Bayou, secrétaire national d’Europe-Ecologie-Les Verts, lancé en 2018, a permis de financer six revenus de base avec du financement participatif auprès de personnes tirées au sort. Une vingtaine de départements, convaincus par le revenu de base, ont par ailleurs échoué à faire adopter une proposition de loi permettant de mener une telle expérimentation sur leur territoire. La ville de Grande-Synthe a quant à elle mis en place minimum social garanti qui concerne 1 500 foyers.
Outre-Atlantique, dans la ville californienne de Stockton, le versement de 500 dollars par mois aux personnes les plus défavorisées (hors aides sociales) a révélé que 40% de la somme servait à acheter de la nourriture. Dans des villages isolés du Kenya, les 20 euros versés chaque mois pendant douze ans à chaque habitant par une ONG ont considérablement réduit le stress quotidien. Les retours de l’expérience finlandaise, la plus aboutie à ce jour, font également état d’une meilleure confiance en soi et en la société et une meilleure capacité à se projeter dans de nouveaux projets.
Concepcion Alvarez, @conce1