Publié le 05 octobre 2020
SOCIAL
Covid-19 : Le télétravail, fortement recommandé par le gouvernement, reste marginal
Alors que Paris vient de passer en alerte maximale, le gouvernement appelle les entreprises à avoir recours "autant que possible" au télétravail. Malgré ces incitations, cette pratique reste assez marginale. Seul un salarié sur dix y a recours. Pourtant, près d'un quart des foyers de contamination est situé en milieu professionnel.

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Paris en alerte maximale. Face à la progression inquiétante du Covid-19 dans la capitale, de nouvelles restrictions ont été annoncées. Fermeture des bars, nouveau protocole sanitaire pour les restaurants, fermeture des piscines, limitation du nombre de clients dans les centres commerciaux… Les Franciliens vont devoir s’adapter à ces nouvelles mesures. Si les universités et écoles restent le premier vecteur de contamination représentant 40 % de clusters, les entreprises arrivent en deuxième position avec 26 % de foyers de contamination.
"Le milieu professionnel est encore un lieu fort de contamination malgré le port du masque obligatoire qui freine la contamination", a expliqué lors d’une conférence de presse Aurélien Rousseau, directeur général de l’Agence régionale de santé Île-de-France. Face à cette situation, la ministre du Travail, Élisabeth Borne a demandé aux entreprises d'avoir recours "autant que possible" au télétravail dans les zones d’alerte renforcée et maximale.
Désengorger les transports en commun
"Nous demandons aux employeurs et aux salariés, en responsabilité, de trouver les organisations adaptées à chaque entreprise, et de limiter ainsi les interactions sociales, que ce soit sur le lieu de travail ou dans les transports en commun. Il s’agit d’un effort collectif demandé aux entreprises mais un effort nécessaire pour réduire la circulation du virus", a expliqué Élisabeth Borne aux partenaires sociaux. Un message d’autant plus fort que, le jour de la publication de ce communiqué, le 5 octobre, des images des stations de métro saturés de voyageurs après des incidents ont été partagées en masse sur les réseaux sociaux.
Hello, la ligne 13 ce matin à 7h.... et impossible de prendre un bus, les gens se battent ! La semaine commence bien ! Bonne journée pic.twitter.com/rLj2Wen7SM
— gtou (@guillaumetourn3) October 5, 2020
Malgré les incitations fortes du gouvernement au télétravail, cette pratique reste pourtant minoritaire. Fin août, selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le télétravail ne concernait qu’un salarié sur dix, soit deux fois moins que lors du confinement.
Pas d'obligation
Si les lignes bougent puisqu'entre 200 et 300 accords de télétravail sont en train d’être négociés, selon Benoît Serre, vice-président de l’association de directeur des ressources humaines, la pratique concerne essentiellement les grandes entreprises. Selon la Dares, le télétravail concerne à peine 4 % des salariés de petites entreprises. Manque de matériels, activités incompatibles avec le travail à distance, impératif de production, complexité d'organisation… La liste des freins est longue.
Certains salariés s’étonnent que le gouvernement incite sans jamais obliger les entreprises au télétravail. Mais, en réalité, l'Exécutif n'a pas cette prérogative. "Tant qu’il n’y a pas de nouveau confinement, l’État n’a pas de levier pour obliger les entreprises à télétravailler", explique Sabrina Kemel, avocate spécialisée en droit du travail et en droit social dans Ouest France.
Marina Fabre, @fabre_marina