Publié le 07 juin 2021
SOCIAL
Les entreprises tentent un numéro d'équilibriste entre le retour au bureau et le télétravail
Le 9 juin marque l'assouplissement du télétravail dans les entreprises. Ce mode de travail, poussé à l'extrême pendant la crise sanitaire, a montré ses limites entre sensation d'isolement et détresse psychologique. Mais il a également contribué à repenser nos organisations de travail. Alors que le gouvernement appelle à plus de flexibilité, les entreprises optent massivement pour un modèle hybride, où triomphe l'équilibre entre le présentiel et le travail à distance.

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[Mise à jour le 7 juin] Certains l'attendent avec impatience, d’autres le craignent. Quoi ? Leur retour au bureau. À partir du 9 juin, "le télétravail sera assoupli avec les partenaires sociaux au niveau des entreprises", a indiqué le chef de l’État fin avril. Est-ce le retour de la ritournelle métro-boulot-dodo ? Pas vraiment car la crise sanitaire a marqué un vrai tournant dans l’organisation du travail. Elle a été un "accélérateur" de changement, souligne Laurent Termignon de Willis Towers Watson.
Le cabinet a mené son enquête annuelle auprès de 120 décideurs RH. Il en ressort que 82 % des entreprises ont formalisé un accord sur le télétravail alors qu’elles n’étaient que 38 % avant la crise sanitaire. "D’ici la fin de l’année, quasiment toutes les entreprises de plus de 500 salariés auront adopté un accord sur le sujet", croit Laurent Termignon. Chez PSA, la révolution du télétravail est en marche. Le groupe vient de signer, en accord avec les syndicats, l’extension du travail à distance. Désormais le télétravail pourra être pratiqué d’un à trois jours par semaine selon la volonté du salarié. Ceux qui ne le souhaitent pas, n’auront pas l’obligation de travailler à distance.
Le Covid-19, un déclic
Comme le constructeur automobile, d’autres entreprises ont décidé de pérenniser ce mode de travail, à l’instar de la MAIF. Pour certains dirigeants, plutôt réticents avant la pandémie, cette dernière a été un vrai déclic. "Honnêtement, je percevais le télétravail comme un frein au travail d’équipe mais aussi à la productivité", confie un entrepreneur dans l’électroménager préférant rester anonyme. "Avec la pandémie, je n’ai pas vraiment eu le choix et j’ai pris conscience que le télétravail était compatible avec notre activité". Pour Laurent Termignon, la possibilité de télétravailler va devenir et devient déjà un enjeu majeur d’attractivité dans les recrutements.
La problématique est désormais de trouver le bon équilibre. Car ce mode de travail, poussé à l’extrême, a viré à l’écœurement pour certains salariés. Le dernier Baromètre sur le sujet réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine a mis en exergue un phénomène inquiétant : un télétravailleur sur deux serait en situation de détresse psychologique. D’où la volonté des entreprises de se tourner vers un modèle hybride qui permettra de s’adapter, de lutter contre l’isolement tout en gardant certains bénéfices du travail à distance comme le gain de temps lié au transport.
Des bureaux flexibles
"ll faut absolument un mixte. Le télétravail à temps plein, on l’a vu, n’inspire pas la créativité et l’innovation. On enchaîne les réunions virtuelles et on frôle le burn-out. Après 18 mois de travail à la maison, les salariés ont envie de sortir de chez eux", estime Rebecca Nachanakian, directrice générale France, Italie et Espagne de WeWork, un groupe qui met à disposition des locaux et des services de coworking pour les employeurs. Si Rebecca Nachanakian prêche évidemment pour sa paroisse, le baromètre d’Empreinte Humaine a montré une très forte diminution des salariés désirant poursuivre le télétravail à 100 %.
À cela s’ajoute la question du coût pour les entreprises. Car louer des locaux alors que les salariés exercent au moins 20 % de leur travail à domicile, devient vite coûteux. "Le passage à un modèle hybride va obliger les entreprises à repenser leur portefeuille immobilier et l’aménagement de leurs bureaux", souligne WeWork. Si certaines entreprises réfléchissent à sous-louer les bureaux vides à des freelance, d’autres préfèrent louer des espaces. C'est le cas du groupe FM Logistic qui envisage de louer des tiers-lieux à la demande "pour prendre en compte les attentes des salariés".
Marina Fabre, @fabre_marina