Publié le 30 juillet 2019
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[J'agis pour la planète] J’opte pour le télétravail
Il y a quelques mois, Novethic a créé la polémique en relayant une étude du cabinet B&L Evolution (1) qui présentait différentes mesures pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Cet été, nous revenons sur quelques-unes de ces propositions pour comprendre comment elles pourraient changer la donne et dans quelle mesure elles pourraient s’appliquer. Focus aujourd’hui sur le télétravail et son impact sur la planète.

@CC0
Parmi les propositions du cabinet de conseil B&L Evolution (2) pour limiter le réchauffement à 1,5°C, le télétravail figure en bonne place. La recommandation des experts : deux jours par semaine pour tous les salariés (dont le métier peut être exercé à distance) habitant à plus de 10 kilomètres de leur entreprise, et ce dès 2025. Une mesure loin d’être anodine quand on sait que sept Français sur dix prennent la voiture pour se rendre au travail.
Ces déplacements représentent ainsi 57 % des émissions liées à la mobilité locale du lundi au vendredi. Selon l’Ademe, la généralisation du télétravail permettrait de diminuer d’environ 30 % ces impacts et de 58 % les émissions de particules fines. En extrapolant à l’échelle d’une entreprise de 1 000 salariés, télétravailler un jour par semaine permet d’éviter l’équivalent des émissions annuelles de gaz à effet de serre d’environ 37 français.
Diviser par deux les trajets en voiture
Chez Somfy, un groupe industriel de 8 000 salariés implanté en Haute-Savoie, 38 % des salariés télétravaillent deux jours par semaine. Cela a représenté près de 5 000 journées en 2018 et permis d’éviter 170 000 kilomètres parcourus en voiture. L’objectif à terme, selon B&L Evolution, est de diviser par deux les trajets en automobile, de doubler ceux effectués en transports en commun et multiplier par six la pratique du vélo.
Dans le secteur privé, 29 % des salariés ont pratiqué le télétravail de façon occasionnelle ou régulière en 2018. "Pas assez, même s’il y a une tendance plutôt à la hausse", observe Jérémie Almosni, chef du service transport et mobilité de l’Ademe. "C’est plutôt la notion de qualité de vie au travail qui amène les entreprises à s’intéresser à la question, sauf pour celles soumises à l’obligation d’établir un plan de déplacement."
Pas une solution miracle
"Le télétravail n’est pas une solution miracle, même si c'est déjà ça de pris. Il faut avoir une vision globale de la mobilité, proposer un panel de solutions afin que chaque individu puisse opter pour celle qui lui corresponde", estime pour sa part Patrice Tissandier, enseignant chercheur au laboratoire Théoriser et modéliser pour aménager (Théma). Selon ses calculs, le télétravail ne permettrait de réduire entre 3 et 5 % les émissions de gaz à effet de serre selon le scénario appliqué (taux plus ou moins élevé de télétravailleurs, télétravail à domicile ou dans d'autres lieux etc.).
Incitation au covoiturage, à l’utilisation du vélo ou mise en place de navettes, les options complémentaires sont nombreuses. Pour faciliter leur mise en place, le cabinet B&L propose la mise en place d’horaires fixes. "Un frein au développement du covoiturage est la peur de ne pas trouver de véhicules pour rentrer chez soi. Ce qui est induit par la trop grande flexibilité des horaires actuels. Réunions qui s’éternisent, bouclages de dossiers tardifs ne doivent plus être la norme. Tout comme pour les scolaires, le temps de travail doit être plus fixe, ce qui facilite l’organisation, la mise en place de navette et le covoiturage", expliquent les auteurs.
Autre solution pour lutter contre le changement climatique : la semaine de travail de neuf heures. Selon une étude du think tank britannique Autonomy, cité par le Guardian, au rythme actuel des émissions carbone, il faudrait travailler seulement 9 heures par semaine pour rester sous le seuil critique de 2°C de réchauffement.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir l'infographie publiée par Novethic
(2) Lire l'étude de B&L Evolution