Publié le 31 juillet 2015
SOCIAL
Espaces de discussion en entreprise : un vecteur de performance
Dans le cadre d’une politique de qualité de vie au travail, les espaces de discussions sont un moyen efficace de donner la parole à tous les salariés. Pourquoi ? Parce qu'ils contribuent à améliorer le quotidien des employés, mais également les résultats de l’entreprise. Zoom sur une pratique qui émerge timidement.

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Développer le dialogue au sein des entreprises, c’est une des tendances fortes du moment en matière de qualité de vie au travail. C’est aussi le sujet que l’Anact (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) a choisi de mettre au cœur de sa douzième semaine pour la qualité de vie au travail, qui s’est déroulée en juin dernier.
Pour l'occasion, son directeur général, Hervé Lanouzière, a tenu à préciser : "Aujourd’hui, les salariés et les employeurs sont d’accord pour dire que les espaces de discussion manquent dans les entreprises. Le sujet intéresse à la fois les organisations syndicales et le Ministère du Travail, dans le cadre de la Loi sur le dialogue social."
Alors qu’il existe déjà dans les entreprises des moments de discussion formalisés (entretiens individuels annuels, réunions du Comité d’Entreprise), que pourraient apporter ces "espaces de discussion" ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord comprendre ce qu’on entend par là : "Les espaces de discussion sont des espaces collectifs, qui permettent une discussion centrée sur l’expérience de travail, ses enjeux, les règles de son métier, le sens de son activité, les ressources et les contraintes", précise l’Anact.
Source d’innovation sociale, ces espaces contribuent à libérer la parole sur le lieu de travail, de manière à améliorer l’expérience du travail et in fine la qualité du travail et la performance de l’entreprise.
Renforcer le dialogue, une demande forte des salariés
Selon une étude menée en mars 2015 par Harris Interactive pour l’Anact, les salariés plébiscitent très largement la mise en place de tels temps d’échange. En effet, 94 % des personnes interrogées souhaitent une mise en place d’espaces de dialogue dans leur entreprise. Et 75 % y voient une réponse à un vrai besoin des salariés.
Si seuls 23 % des sondés affirment que de tels espaces existent dans leur entreprise, ils sont 80 % à vouloir y participer. Sur quoi veulent-ils s’exprimer ? En grande majorité sur leurs problèmes professionnels du quotidien (93 %), l’amélioration de l’organisation du travail (92 %) et la répartition de la charge de travail (86 %).
Surtout, les salariés veulent du concret : 93 % souhaite que ces discussions débouchent sur des mesures effectives. "L’objectif de ces espaces d’échanges formalisés et réguliers est d’établir des constats partagés et de proposer des pistes d’amélioration" indique Florence Chambard, chargée de mission à l’Anact.
Trouver la bonne formule
Si les bienfaits des espaces de discussion semblent logiques (amélioration des conditions de travail, du climat social, de la motivation des salariés…), la question de leur organisation reste floue. Il n’existe pas d’espace de discussion idéal. Il peut prendre des formes différentes, impliquer des protagonistes divers, être animé par des personnes internes ou externes, et concerner des sujets variés.
"Les espaces de discussion restent encore à inventer", confirme Florence Chambard. Certaines entreprises ont déjà commencé à en dessiner leurs propres contours, à l’image du Groupe La Poste. Dans le cadre d’un accord social conclu en février 2015, l'entreprise a décidé de généraliser les espaces de discussion.
Cette décision fait suite à une série de tests concluants, comme l’explique Gérard Bellanger, directeur de la stratégie sociale et de la qualité de vie au travail (QVT) du groupe : "Sur quelques-uns de nos sites, nous avions expérimenté des espaces de discussion au niveau des équipes de proximité : des réunions courtes de 20 à 30 minutes avec le manager et son équipe. Nous en avons mesuré les effets : ceux qui ne s’exprimaient jamais ont pris la parole ; des mesures concrètes ont été adoptées, comme par exemple une nouvelle organisation dans le tri des boîtes postales ; les personnes se sont senties reconnues. Et les encadrants ont apprécié la démarche."
Autre exemple avec l’entreprise énergétique Viessmann, basée en Lorraine : deux réunions d’une heure et demie par an sur un thème donné par les ressources humaines, animées par un salarié extérieur au service choisi par les participants. Là encore, les réunions ont débouché sur des aménagements concrets : la baisse du nombre de visites annuelles demandées aux commerciaux, ou encore l’interdiction pour les techniciens de répondre aux appels entrants pendant leurs déplacements.