Publié le 18 août 2020
SOCIAL
Covid-19 : les nouvelles règles sanitaires au travail crispent le patronat qui craint de freiner la reprise
Face à la reprise de l’épidémie, le ministère du travail impose de nouvelles règles sanitaires en entreprise. Parmi celles-ci : le port du masque obligatoire dans les salles de réunion et les couloirs mais aussi le retour du télétravail. Les partenaires sociaux sont globalement favorables au renforcement de la protection sanitaire, mais le patronat se montre plus réticent face à des protocoles jugés trop rigides.

@tera vector
Après la trêve estivale, la reprise du travail va se placer sous le signe de nouvelles obligations sanitaires liées au regain de l’épidémie de Covid-19. Malgré les vacances, les entreprises sont devenues des lieux privilégiés de contamination. Selon Santé Publique France, elles représentent près d’un quart des clusters depuis le déconfinement et 30 % de ceux en cours d’investigation. Et la tendance semble s’accélérer : elles comptaient pour la moitié des 30 nouveaux foyers de contamination identifiés le 12 août dernier.
Des mesures trop rigides
Pour endiguer la propagation du virus, le gouvernement va donc renforcer les règles sanitaires à partir du 1er septembre. Un exercice d’équilibriste en un temps serré où il s’agit de jongler entre la maîtrise de l’épidémie et la reprise économique. Parmi les mesures présentées aux partenaires sociaux, le port obligatoire du masque partout dans l'entreprise, en dehors des bureaux individuels, que ce soit dans les salles de réunion où il n’y a pas d’aération naturelle, les espaces de circulation comme les couloirs mais aussi les open spaces. Quant au télétravail, qui devait commencer à refluer avec la rentrée, il devrait faire son retour en force dans les zones de circulation active du virus comme la région parisienne et Provence-Alpes-Côtes d’Azur et reste recommandé partout ailleurs. Et le gouvernement a mis les partenaires sociaux sous pression pour négocier un accord en la matière.
Ceux-ci restent cependant divisés sur la généralisation de ces nouvelles mesures contraignantes. Les syndicats se montrent plutôt favorables même s’ils s’annoncent vigilants sur le recours au télétravail. Le patronat se montre lui plus réticent sur des mesures qu'il considère rigides, "par peur de freiner le retour au travail et la reprise" en "inquiétant les salariés", souligne le journal Les Echos. Il tique également sur le surcoût de cette protection, qui sera imputé à l'employeur, et la responsabilité qui découlerait de ces nouvelles obligations.
Le Medef comme la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME) militaient donc pour des "mesures pragmatiques" négociées par les partenaires sociaux, au cas par cas, en fonction des régions, des activités et de la taille des organisations, jugeant qu’une généralisation du port du masque est excessive et inadaptée à la diversité des entreprises et des activités. Les protocoles sanitaires sont de fait le plus souvent négociés branche par branche. Les guides de bonnes pratiques déjà en vigueur dans chacune d’elles sont d’ailleurs en cours de réactualisation.
Des mesures qui prennent en compte la contamination par aérosols
Avec ces nouvelles règles, le gouvernement valide cependant les derniers avis du corps médical. Le 14 août, un collectif d’une vingtaine de docteurs plaidait pour rendre le port du masque obligatoire dans tous les lieux clos, bureaux compris. "Une question de cohérence" par rapport aux nouvelles données acquises sur la diffusion du virus expliquait le collectif dans Libération : "Les protocoles actuels de sécurité qui concernent les lieux de travail, lesquels constituent les premiers foyers de contamination en France (…) ne prennent pas sérieusement en compte un facteur très important de propagation du Covid-19, à savoir la transmission via aérosol." Un constat partagé par le Haut conseil français de la santé publique qui recommande dans un avis publié le même jour le port "systématique" du masque dans "tous les lieux clos publics et privés collectifs".
Reste désormais à mettre en musique ces différentes mesures censées établir un protocole sanitaire pérenne pour les entreprises. "Nous allons maintenant travailler avec les partenaires sociaux sur les modalités pratiques de mises en œuvre et de possibles adaptations de cette nouvelle norme", a déclaré Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État auprès de la ministre du Travail.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud