Publié le 20 novembre 2017
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Au Royaume-Uni, Uber contraint de salarier ses chauffeurs
Nouveau revers pour Uber au Royaume-Uni. Le tribunal de Londres a estimé que la plateforme devait salarier ses chauffeurs, alors qu'ils sont aujourd'hui indépendants. L'entreprise californienne a décidé de déposer un ultime recours mais ce cas pourrait bien faire jurisprudence et mettre à mal le business model de la plateforme.

Les déboires continuent pour Uber au Royaume-Uni. Le 5 octobre dernier, l’autorité des transports londonienne (TFL) avait décidé de ne pas renouveler la licence d’exploitation d’Uber dans la capitale. Cette fois, le Tribunal du travail de Londres, sollicité par deux anciens chauffeurs d’Uber, a jugé que la plateforme de réservation de VTC devra salarier ses chauffeurs. Autrement dit, ces derniers devront bénéficier du salaire minimum en vigueur : 7,50 livres par heure (8,50 euros). Ils auront également droit à des congés payés et des pauses régulières.
Une vraie révolution pour Uber dont le Royaume-Uni est le plus important marché européen, avec 50 000 conducteurs et 3,5 millions d’utilisateurs. Mais l’entreprise californienne compte bien déposer un recours.
C'est "une victoire historique"
Ici, ce sont deux visions qui s’affrontent. D’un côté, celle du directeur général d’Uber au Royaume-Uni, Tom Elvige, qui brandit le drapeau de la flexibilité. "La raison principale pour laquelle les chauffeurs utilisent Uber est parce qu’ils apprécient la liberté de choisir", juge-t-il. De l’autre, celle du droit du travail défendu par le syndicat britannique GMB pour qui la décision du tribunal est une "victoire historique".
WIN! Landmark victory for GMB & Uber workers' rights today as Employment Appeal Tribunal UPHOLDS its original ruling that drivers = workers. pic.twitter.com/LPu3DtmxrC
— GMB Union (@GMB_union) 10 novembre 2017
"Cette décision ne pouvait être plus claire", écrit le syndicat, "Uber : faites face à vos responsabilités, accordez aux travailleurs les droits auxquels ils ont droit et assurez-vous que le public, les conducteurs et les passagers sont en sécurité".
Un mouvement mondial
Selon les observateurs, c’est le business model d’Uber qui risque de s’effondrer. L’entreprise arrive à maintenir au plus bas prix ses courses sur le marché en ne salariant pas ses chauffeurs.
Et dans cette course à la salarisation, le Royaume-Uni n’est pas isolé. Des chauffeurs du monde entier manifestent pour réclamer un statut. "Uber est une société du XXIe siècle qui se comporte comme un industriel du XIXe, n’accordant aucun droit aux travailleurs. Il est temps qu’elle change ses pratiques et respecte la loi", résume un élu du Parti travailliste dans les colonnes du Guardian.
Marina Fabre @fabre_marina