Publié le 21 juillet 2015

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SOCIAL

Au Royaume-Uni, Ikea s’engage à verser un salaire décent à ses employés

Alors que le gouvernement britannique a annoncé la hausse prochaine du salaire minimum pour les salariés de plus de 25 ans, Ikea a choisi d'aller plus loin : le fabricant de meubles suédois a en effet annoncé le week-end dernier qu’il allait relever de manière significative le salaire de 4 500 employés actuellement payés au smic, au-delà de ses obligations légales. Outre-Manche, cette décision innovante est considérée comme une avancée majeure par les défenseurs d’un salaire décent.

Photo d'illustration
Winfried Rothermel / Picture Alliance/ AFP

Ikea est devenu un employeur pionnier en matière sociale au Royaume-Uni. Comment ? En s’engageant à payer ses employés 7,85 livres par heure en dehors de Londres, et 9,15 livres par heure dans la capitale britannique, sans discrimination d’âge.

Actuellement, le salaire minimum britannique s’élève à 6,50 livres par heure pour les salariés âgés de plus de 21 ans. Début juillet, le gouvernement a annoncé une hausse significative de l’équivalent du smic à partir du printemps prochain pour les plus de 25 ans, provoquant des protestations d’une partie des organisations patronales.

Mais Ikea a décidé d’aller au-delà de ses obligations légales : à partir d’avril 2016, 4 500 de ses salariés, actuellement payés au smic, percevront un salaire décent selon les standards établis par la Living Wage Foundation.

 

Ikea renforce son image de marque

 

La décision d’Ikea a rencontré un écho très favorable dans les médias. Jusqu’à présent, aucune chaîne de magasins de taille majeure ne s’était engagée à verser un salaire décent à ses employés. La campagne en faveur d’une telle rémunération, lancée en 2001 par des familles de l’est de Londres, a obtenu des avancées importantes, dans le secteur bancaire notamment.

En revanche, les chaînes de supermarché comme Tesco continuent de refuser de verser un salaire décent à leurs employés. Rhys Moore, le directeur de la Living Wage Foundation, espère que l’annonce d’Ikea permettra de faire avancer les négociations avec les autres grandes enseignes de la distribution : "L’expérience nous a enseigné qu’il fallait une enseigne leader dans chaque secteur" a-t-il commenté, tout en saluant la décision d’Ikea comme "une avancée majeure".

 

"Une équipe bien payée est en mesure de mieux travailler"

 

Du côté d’Ikea, cette augmentation des salaires les plus bas a été présentée comme "un investissement à long terme". Dans un communiqué, le groupe suédois explique avoir "la conviction qu’une équipe bien payée est en mesure de mieux travailler, pour le bonheur des clients".

Le mois dernier, la division américaine du leader mondial sur le marché du meuble avait annoncé une augmentation de 10 % du salaire horaire minimum de ses salariés les moins bien payés. Aux États-Unis, d’autres enseignes ont également annoncé ces derniers mois des hausses de salaire importantes. En avril, Wal-Mart a augmenté le salaire de 500 000 employés.

Outre-manche, le niveau des salaires les plus faibles suscite le débat. Début juillet, le gouvernement de David Cameron a présenté le taux horaire minimum qui sera appliqué à partir d’avril prochain comme un salaire décent. En réalité, ce taux horaire est bien inférieur au salaire décent tel qu’il est défini par la Living Wage Foundation.

Le gouvernement est d’autant plus critiqué qu’il a décidé de réduire le montant des crédits d’impôts auxquels sont éligibles les travailleurs pauvres - catégorie dont font partie les salariés qui bénéficient d’un "living wage".

Amandine Alexandre, à Londres
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