Publié le 11 septembre 2023
SOCIAL
Ressentéisme, Quick quitting, Act your wage... Cinq mots d'un monde du travail en pleine mutation
Depuis quelques mois, les néologismes se multiplient pour traduire les mutations en cours dans le monde du travail. Propulsés par les réseaux sociaux, ces phénomènes manifestent l’envie de nombreux salariés de faire bouger les lignes au sein de leurs entreprises, en réponse au contexte économique. Novethic a sélectionné cinq termes pour vous aider à vous retrouver dans cette jungle d’anglicismes.

Pexels
Act your wage
Finit la "hustle culture". Ce concept qui encourage la surperformance et l’hyperproductivité ne séduit plus. En lieu et place, certains salariés exigent aujourd’hui un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, en concordance avec leur salaire. Et c’est tout le propos du mouvement "act your wage", que l’on pourrait traduire par "agis à la hauteur de ton salaire".
Plus question de faire des heures supplémentaires non-rémunérées, d’accepter une surcharge de travail ou de répondre à des sollicitations professionnelles en dehors des heures de travail si le salaire versé ne reflète pas l’investissement demandé. Cependant, à la différence du "quiet quitting", qui manifeste une volonté de quitter son emploi, "act your wage" n’implique pas un désengagement des travailleurs, mais les encourage plutôt à fixer des limites. Une tendance qui résonne particulièrement sur TikTok, où le hashtag #actyourwage a généré 596 millions de vues.
Rage applying
C’est la manifestation d’un ras-le-bol. Conditions de travail difficiles, management anxiogène, salaire sous-évalué… Le "rage applying" répond à une forte insatisfaction des salariés vis-à-vis de leur poste. Le principe : postuler en masse à des offres d’emploi dans un court laps de temps, dans le but de quitter son entreprise le plus rapidement possible.
Dans un article du journal allemand Die Zeit repris par Courrier international, l’expert de la jeunesse Simon Schnetzer souligne les "nouvelles attentes" des employés de la génération Z, bousculés par une multitude de crises dont le coût psychologique se traduit par du stress et des burn out. Mais ce n’est pas le seul facteur. Si le concept du "rage applying" n’est pas nouveau, le contexte actuel du marché du travail expliquerait son essor. "Aujourd’hui, nous n’avons pas un marché d’employeurs, mais un marché de salariés. Il y a plus de postes vacants que de travailleurs. (…) Et les jeunes le savent", souligne Simon Schnetzer.
Career cushioning
Préparer un plan B professionnel. Voilà en quelques mots la définition du "career cushioning", soit littéralement "amortissement de carrière". Réseautage, formation, veille sur le marché de l’emploi… Il s’agit avant tout d’élaborer une stratégie de sortie, tout en étant toujours en poste. La tendance a pris de l’ampleur ces derniers mois outre-Atlantique, alors que les salariés craignent une vague de licenciements.
"Face à une récession imminente, les discussions autour des licenciements ont explosé. En réponse à l'aggravation de l'incertitude économique, les travailleurs deviennent nerveux", explique auprès de Stylist Jill Cotton, Responsable des relations publiques pour Glassdoor. Selon une étude du cabinet de recrutement Robert Walters partagé par People management, plus d’un tiers des travailleurs interrogés seraient dans cette situation, 72% d’entre eux étant motivés par un "manque de sécurité de l'emploi".
Ressentéisme
Le ressentéisme consiste pour les salariés à exprimer leur mécontentement concernant leurs conditions de travail, leur salaire ou leur management. Le phénomène, qui se rapproche du "loud quitting" se distingue cependant par une nette différence. Ici, les employés n’ont pas la possibilité de quitter leur poste, souvent pour des raisons économiques, les conduisant à éprouver du ressentiment.
"Les employés qui se sentent sous-évalués, sous-appréciés et inquiets pour leur avenir ne seront jamais heureux dans leur travail, et l'augmentation du ressentiment n'est pas inattendue", observe RotaCloud, entreprise spécialisée dans la gestion du personnel à l’origine du terme. Un sentiment de frustration qui peut être renforcé par la démission d’autres collaborateurs note le média Néon. D’après une étude menée par l’entreprise HeyTeam, 56% des salariés restants souffriraient d’une charge de travail alourdie et 31% d’une détérioration de leur santé mental ou physique.
Quick quitting
Après le "loud" ou le "conscious quitting", voici venu le temps du "quick quitting", ou démission rapide en français. Passer toute une carrière au sein de la même entreprise ? Très peu pour ces salariés qui n’hésitent pas à changer d’emploi régulièrement, souvent au bout de quelques mois seulement.
Une étude publiée par LinkedIn en septembre 2022 vient illustrer cette tendance, en particulier aux États-Unis, où le taux d’ancienneté de moins d’un an a connu une forte augmentation l’année dernière. "En mars 2022, ce taux a augmenté de 9,7% sur un an", note auprès de Maddyness Jenny Gaultier, Directrice générale du Mercato de l’Emploi. La tech, les médias ou encore les métiers de la création font partis des secteurs les plus touchés. Parmi les multiples raisons évoquées pour expliquer ce phénomène, le retour au bureau est notamment pointé du doigt, le télétravail étant devenu une condition importante pour de nombreux employés.