Publié le 13 avril 2023

SOCIAL

Accord inédit entre patronat et syndicats sur la transition écologique en entreprise

En pleine réforme des retraites, dans un contexte social explosif, le dialogue entre organisations patronales et syndicats se poursuit. Mardi 11 avril, pour la première fois, un accord relatif à la transition écologique a abouti. Un sujet qui était passé sous les radars jusqu’ici. 

Syndicat ecologie istock
L'accord est inédit mais non contraignant.
Istock

Ce n’est pas une révolution, mais c’est une première. Le 11 avril, les organisations patronales et plusieurs syndicats ont conclu un accord national interprofessionnel "relatif à la transition écologique et au dialogue social". "Après neuf mois de discussion approfondie, on ne peut que se féliciter de l’aboutissement ce soir de cette négociation", a déclaré Hubert Mongon, représentant du Medef, à l’issue des discussions mardi. Il faut dire que dans un contexte social "particulièrement complexe" lié à la réforme des retraites, le symbole est fort. 

"Nous sommes à nouveau en mesure de démontrer toute l'efficacité de la démocratie sociale et la capacité des partenaires sociaux à dialoguer efficacement dans un temps long et sur des sujets de société majeurs", s’est réjoui Hubert Mongon. 

Un mode d’emploi

Dans le détail, le texte, que Novethic a pu se procurer, se présente comme un mode d’emploi pour accélérer la transition écologique au sein des entreprises. Il s’agit d’abord de dresser le bilan de la situation de l’entreprise et hiérarchiser les priorités en mettant par exemple en place un plan de sobriété énergétique ou une réduction des déchets. Il évoque notamment le rôle du Comité social et économique (CSE) dont les attributions liées à l’environnement ont été élargies par la loi Climat et Résilience du 22 août 2021. "Les élus du CSE peuvent alerter l’employeur lorsqu’ils constatent que les produits ou procédés de fabrication utilisés ou mis en œuvre par l’établissement font peser un risque grave sur l’environnement", lit-on dans l’accord.

La phase 3 de la note est dédiée aux négociations collectives et la possibilité d’y intégrer les enjeux environnementaux comme le "forfait mobilité durable", l’adaptation du temps de travail en fonction des aléas climatiques ou encore la mise en place du télétravail en cas de pic de pollution. 

L’accord a déjà reçu les avis favorables de la CFDT, de la CFTC et de Force ouvrière. Il s'agit d'"un texte qui réorganise les informations à destination des acteurs dans les entreprises et les branches professionnelles pour qu'ils s'emparent du sujet", a expliqué Luc Mathieu, le négociateur de la CFDT. L'accord doit notamment permettre d'"identifier des leviers de changement dans le cadre d'un dialogue social éclairé sur la transition écologique" et d'"intégrer les enjeux environnementaux dans les négociations collectives".

Un accord non contraignant 

La CGT, elle, a refusé l’accord. Interviewée par Le Monde, Fabienne Rouchy, représentante du syndicat, dénonce un texte qui n’est "ni normatif ni contraignant pour les entreprises" et "qui ne crée aucune garantie pour les salariés". Pour elle, il s’agit d’un "acte manqué que les générations futures seront en droit de nous reprocher". Côté Printemps écologique, le premier éco-syndicat en France, la réaction est elle aussi très mitigée : "On constate que c'est tout au plus une grille de lecture expliquant ce que l'on peut faire dans le cadre légal existant (plus d'un an après la loi Climat...). Intéressant et utile mais clairement pas à la hauteur de l'urgence", dénonce cofondatrice du syndicat.

"Avant d'attaquer un texte qui serait contraignant au-delà de ce que prévoit la loi, essayons déjà de faire en sorte que tout ce qui est prévu par la loi s'applique déjà dans les entreprises, parce que ce n'est pas le cas aujourd'hui. On est très très loin du compte", a expliqué Luc Mathieu.

Marina Fabre Soundron avec AFP


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

SOCIAL

Conditions de travail

Santé et sécurité au travail sont deux dimensions importantes de la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Dans les usines du monde, les conditions de travail sont souvent très difficiles. Les consommateurs prennent progressivement conscience du coût humain auquel sont obtenus les produits qu’ils achètent.

Greve Apple Store Opera sortie Iphone 15

Le lancement de l'iPhone 15 perturbé par la grève des salariés : "Nous demandons un meilleur partage des richesses"

Le ton monte dans les Apple Store. Alors que des clients se pressent pour acheter le nouvel iPhone 15, des dizaines de salariés font le piquet de grève devant les magasins pour demander une revalorisation de salaire. Inflation grimpante, dégradation des conditions de travail, sommes records perçues...

Nouveaux mots travail pexels

Ressentéisme, Quick quitting, Act your wage... Cinq mots d'un monde du travail en pleine mutation

Depuis quelques mois, les néologismes se multiplient pour traduire les mutations en cours dans le monde du travail. Propulsés par les réseaux sociaux, ces phénomènes manifestent l’envie de nombreux salariés de faire bouger les lignes au sein de leurs entreprises, en réponse au contexte économique....

Louq quitting tiktok

Loud quitting : la génération Z démissionne en direct sur TikTok

Après la grande démission et le conscious quitting, les salariés s’emparent d’une nouvelle stratégie pour bousculer le monde du travail : le loud quitting. Le phénomène, qui consiste à exposer ouvertement son insatisfaction face à ses conditions de travail, concernerait un travailleur sur cinq dans...

Fin teletravail Jason Strull sur Unsplash

La fin de l’âge d’or du télétravail et le début du RAB, "retour au bureau"

Le leader du télétravail, Zoom, qui demande à ses salariés de retourner au bureau, Amazon qui envoie des lettres de rappel aux récalcitrants et grévistes désireux de rester en télétravail, Google qui conditionne la performance du salarié sur sa présence au bureau... Les groupes américains battent le...